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Escapades coutelières

Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs

Zero Tolerance "0801Ti": la belle (et la) bête

Zero Tolerance "0801Ti": la belle (et la) bête
La boucle est bouclée

Salut salut!

Il y a plus d'un an et demi, je prenais la décision de polluer la toile avec mes élucubrations stériles et écrivais le tout premier article d'un blog qui allait devenir le succès planétaire que l'on sait, avec sa demi-douzaine d'abonnés (en comptant -je sais, c'est pathétique- ma propre adresse mail que j'ai inscrite "pour vérifier que les mails étaient bien envoyés") et sa bourriche d'huitre (c'est une unité de mesure valide en Bretagne) de vues quotidiennes... ...dans les bons jours.

Alors pour commencer, merci à toi improbable lecteur que les moteurs de recherche ont fait atterrir sur cette page contre son gré. Sans toi, mon compteur de vues resterait cloué au sol et ma vie n'aurait au sens. Tu es la lumière au bout de mon tunnel.

Mais cessons la cette déprimante introspection et venons-en au sujet du jour, si tu le veux bien.

Si tu étais un lecteur de la première heure ET que tu as une bonne mémoire, peut-être te souviens-tu de ce fameux "tout premier article" publié en août 2021? Moi, je m'en rappelle parfaitement: son style lourdingue et inutilement alambiqué, ses pavés de texte interminables destinés à rabâcher des évidences connues de tout amateur, son cruel manque d'images et de rythme... Bref, tous les défauts actuels de ce blog, mais en pire.

Et parce que j'apprends de mes erreurs, ceci est une image destinée à donner du rythme à mon blog.

Et parce que j'apprends de mes erreurs, ceci est une image destinée à donner du rythme à mon blog.

Et bien saches que je n'en suis pas particulièrement fier, de ce premier article. Au point que j'ai souvent hésité à réécrire cette page pour la rendre plus supportable. Mais ce qui est fait est fait, et il y aurait de toutes façons très peu de chances pour que tu consentes à retourner lire la version actualisée d'une critique que tu as déjà fait l'effort de t'infliger une fois.

C'est pourquoi j'ai décidé d'aller de l'avant et de vivre avec cette tâche sur mon casier judicio-littéraire.

"Mais alors pourquoi donc nous casser les coquilles avec histoires?" te demandes-tu sans doute. Ta question est légitime et j'apprécie tout particulièrement l'utilisation astucieuse du terme "coquille" (qui est, comme chacun le sait, une mise en abyme puisque ce détournement sémantique est lui-même le résultat d'une faute de frappe dans le potage). Or donc, je vais m'empresser d'y répondre, à cette question.

Dans l'article en question, je vantais les mérites d'un modèle industriel de la marque Zero Tolerance. Or, des modèles issus de cette marque, je n'en possède que deux et le second n'est autre que le couteau au sujet duquel nous allons disserter aujourd'hui.

Deux couteaux que l'on pourrait légitimement qualifier de "similaires" à de nombreux égards et qui me font irrémédiablement penser l'un à l'autre. Aussi, lorsque j'ai sorti le 0801Ti de son écrin en vue de rédiger le présent article, j'ai senti monter en moi une bouffée de nostalgie et me suis remémoré la première fois où je me suis posé devant le clavier pour entamer cette relation épistolaire qui nous unit désormais à la vie, à la mort (ou jusqu'à ce que tu en aies plein le dos de me lire).

Et je te promets, cette fois, je vais essayer de faire moins pire qu'à l'époque! (Même si c'est déjà probablement trop tard).

Présentation générale

Zero Tolerance, Kai USA, Kershaw, blah, blah, blah... Tu connais le refrain.

C'est en 2013 que l'on vit apparaître pour la première fois le 0801 dans le catalogue de la marque américaine "proudly overbuilt in the U.S.A."

Et à l'époque, il ressemblait à ça.

Et à l'époque, il ressemblait à ça.

Pas forcément aussi médiatisé que d'autres modèles de la marque, et donc plus "confidentiel", il rencontre néanmoins un véritable succès critique auprès des amateurs de gros pliants utilitaires. Parce que oui, le 0801 est gros, pliant et utilitaire. Qu'on se le dise.

Version industrielle du design custom de Todd Rexford nommé "Singularity", il est l'un des tout premiers couteaux industriels du marché (si ce n'est LE premier) à proposer un manche intégralement réalisé en titane, une catégorie dont on ne peut que constater, dix ans plus tard, l'incontestable succès.

Initialement, sa lame est réalisée en Elmax, un acier alors relativement nouveau et bénéficiant à l'époque d'une excellente popularité justifiée par un bon équilibre de ses qualités.

Lors de sa sortie, un critique américain l'a décrit de la façon suivante:

"Regardez le marché actuel, c'est ce à quoi ressemble un vrai problème de riche. Nous vivons dans un âge d'or de l'équipement comme le prouve le fait que le ZT 0801 ne soit qu'un couteau comme les autres au sein de la collection ZT. Dix ans plus tôt, il aurait été le meilleur couteau industriel au monde. Vingt ans plus tôt, il aurait été une singularité aussi bien artisanale qu'industrielle. Mais aujourd'hui, alors que l'on peut pratiquement nager comme Picsou dans une piscine de flippers à framelock titane, le 0801 n'est qu'un couteau comme les autres. Mais il ne mérite pas d'être considéré comme tel. En fait, au sein de tous les couteaux ZT que j'ai testé et critiqués, celui-ci est mon préféré. C'est vraiment une lame incroyable!"

Fort de son succès, le 0801 restera de nombreuses années au catalogue de ZT, recevra une variante "blackwashed" à l'allure plus "tactique"...

Parce que... les goûts et les couleurs kwah.

Parce que... les goûts et les couleurs kwah.

...et se verra même occasionnellement décliné en éditions spéciales et limitées, telles que cette version dotée d'une lame en M390 et d'un manche couleur bronze avec inserts en fibre de carbone:

Et là, tout de suite, c'est un autre animal!

Et là, tout de suite, c'est un autre animal!

Les fournisseurs tiers rejoindront également rapidement la danse, pour le plus grand bonheur des amateurs de "mods" qui multiplieront les personnalisations à la réussite allant de l'excellence au gâchis pur et simple.

Il faut enfin attendre 2017 pour que ZT, face à l'essoufflement des ventes, décide de tenter un "reboot" de son modèle. L'elmax laisse place au CPM S35VN que le constructeur exploite désormais de façon majoritaire sur sa gamme, et le manche en titane bénéficie des petits soins de l'usinage 3d à commande numérique qui permettent de lui offrir une structure allégée, de nouveaux chanfreins et une texture finement rainurée.

Le 0801Ti était né, et prêt à atterrir dans ma collection.

Let's rock, baby!

Let's rock, baby!

Véritable coup de cœur esthétique, j'en faisais l'acquisition l'année même de sa sortie, il y a de cela six ans... Assez longtemps pour en faire aujourd'hui un retour éclairé.

Une lame au rendez-vous

Si elle ne dépareillait pas à l'époque, cette lame pourrait aujourd'hui sembler épaisse ou fine selon la concurrence à laquelle on tente de la comparer.

Propre, net, sans fioritures.

Propre, net, sans fioritures.

Caractéristiques techniques
Longueur 90mm
Longueur de coupe 90mm
Hauteur 30mm
Épaisseur 4mm
Épaisseur derrière le fil 0.6mm
Angle d'émouture primaire 4.85°
Type d'émouture primaire Plate
Matériau CPM S35VN
Dureté* 61 HRC

(* données constructeur)

Lorsque je regarde le marché actuel, je constate la coexistence de deux tendances contradictoires. D'un côté, il y a une sorte de "retour aux sources" avec la prolifération d'aciers aux tarif raisonnable (D2, 14C28N...) et de lames à l'épaisseur de moins en moins grotesque. De l'autre, une poignée d'irréductibles menée par des designers tel que Jesper Voxnaes continue de pousser la production en direction des alliages les plus coûteux, et suivant ce qui semble être la philosophie du "Il y en a un peu plus, je vous le laisse?".

J'ai du respect et de l'admiration pour le travail de Vox, mais certaines de ses productions me poussent à croire qu'il a poussé son délire un peu trop loin: 4mm, voir parfois 4.5mm de M390 pour une lame d'à peine 6cm de longueur, c'est ce que j'appelle un mini-merlin de poche (autrement dit: n'importe quoi). Et quand le modèle (de série) est en plus proposé à plus de 250€, on a atteint un cap que je n'ai plus la volonté de franchir en tant que consommateur.

Et pourtant, dieu sait qu'il est sexy comme tout ce petit Suru...

Et pourtant, dieu sait qu'il est sexy comme tout ce petit Suru...

Bref, dans ce contexte à double courant, la lame du 0801Ti a plutôt vachement bien vieilli. Ses 4mm d'épaisseur ne sont pas déconnants pour une lame de 9cm de longueur principalement destinée à du gros œuvre, mais restent néanmoins parfaitement exploitables grâce à une émouture haute qui contient contient l'angle de cette dernière en dessous des 5°.

Sans être un scalpel, cette lame tranche sans trop de difficulté dans la plupart des obstacles qui se présentent sur sa route.

Sans être un scalpel, cette lame tranche sans trop de difficulté dans la plupart des obstacles qui se présentent sur sa route.

Grâce à son allonge généreuse, la plupart des tâches du quotidien sont à sa portée. Qu'il s'agisse de se restaurer ou de bricoler dans le jardin/à l'atelier, on n'est jamais à court de tranchant.

De plus, à défaut d'être révolutionnaire, sa géométrie est parfaitement fonctionnelle et polyvalente: une pointe pratiquement centrée et suffisamment robuste pour le perçage, un départ de fil bien droit dont la matière ne s'échappe pas, un arrondi progressif qui permet de "faire rouler" le tranchant sur la matière, une pointe assez tendue pour tirer une coupe "cutter"... Il y en a pour tous les goûts et les usages.

Seule ombre au tableau, le 0801 souffre d'une limitation commune à tous les couteaux à flipper: l'ergot destiné à l'ouverture de la lame forme, une fois celle-ci dépliée, une garde profonde et sécurisante mais qui empêche d'exploiter les 2/3 du fil lors d'une coupe contre plan.

Et pour le coup, ce tenon là est VRAIMENT proéminent.

Et pour le coup, ce tenon là est VRAIMENT proéminent.

Un phénomène aggravé par l'absence de casse-goutte qui, en plus de créer un départ de tranchant que je trouve visuellement maladroit, condamne le fil à former une dépression au fil des affûtages et accentue à terme cette impression d'être "loin de la table".

Moi, je n'aime pas trop ces fils qui démarrent "en triangle".

Moi, je n'aime pas trop ces fils qui démarrent "en triangle".

Côté déco, les lignes relativement neutres de cette lame sont réhaussées par une contre-émouture qui lui procure un dynamisme certain et l'ensemble est traité avec une finition stonewashed qui masque plutôt bien les petits bobos liés à un usage quotidien et potentiellement intensif.

Pour un peu, après six ans, on le croirait neuf!

Pour un peu, après six ans, on le croirait neuf!

Sur le flanc droit, le constructeur s'est contenté d'apposer son logo tandis que, du côté gauche, on assiste à un déballage en bonne et due forme de marquages divers et variés incluant, en vrac: la référence catalogue du modèle, le logo du groupe KAI et le pays de fabrication (USA) du couteau, la nuance d'acier utilisée, le nom du designer et le numéro de série.

Assez de lecture pour s'occuper durant les longues soirées d'hiver au coin du feu.

En veux-tu? En voilà!
En veux-tu? En voilà!

En veux-tu? En voilà!

Puisque le sujet de la nuance d'acier utilisée a été abordé, il me semble opportun de préciser que le 0801Ti a été mon tout premier contact avec le CPM S35VN, et d'une façon générale avec un acier "premium", moi qui n'avait jusque là goûté qu'à des alliages plus ou moins bon marché allant de l'honorable 12C27 de mes Opinel, au 440C du Böker MIni Vanquish (mon premier couteau "de collection"), en passant par le 8Cr13MoV des diverses chinoiseries accumulées au cours de mes années d'errance coutelière, quand ça n'était pas carrément des aciers austénitiques impossibles à tremper.

Et ce premier contact fut une véritable claque. Combiné à l'émouture agressive mais robuste du 0801Ti, je découvrais un tranchant au "mordant" sans précédent, et capable de tenir dans le temps au delà de mes espérances, le tout sans compromis sur la résistance à la corrosion (essentielle pour moi compte tenu du temps considérable que mes couteaux passent au contact de l'eau de mer).

L'épreuve du feu pour mon nouvel outil fut, peu de temps après son acquisition, la mise à l'eau d'un voilier dont il fallait remplacer la plupart des drisses et des écoutes (des cordes de nylon renforcés au kevlar d'environ 1cm de diamètre), un matériau capable de ruiner le tranchant de n'importe quel lame bas de gamme en quelques secondes. Sauf que mon Zero Tolerance ne m'a pas laissé tomber, enchaînant les coupes propres et nettes tout au long de la journée sans jamais donner l'impression de se fatiguer. Ce jour fut pour moi une véritable révélation.

Je venais de goûter à la coutellerie "haute performance".

Un manche qui n'a pas vieilli

Si le manche de la version "originelle" du 0801 accuse sans doute le poids des années, sa déclinaison modernisée grâce aux machines à commande numérique n'a en revanche pas à rougir face à la concurrence actuelle.

Il ne dépareille pas en comparaison de modèles pourtant plus récents.

Il ne dépareille pas en comparaison de modèles pourtant plus récents.

Caractéristiques techniques
Longueur 120mm
Hauteur 36mm
Épaisseur 13mm
Châssis Titane

La première chose qui saute aux yeux, ce sont les dimensions généreuses de ce gros bébé qui bénéficie en conséquence d'une excellente prise en main. Il y a largement de quoi caler cette poignée au creux de la paume et les chanfreins réalisés sur l'ensemble de ses contours grâce à la technique d'usinage 3d assurent une tenue confortable.

Les quatre doigts d'une main "plutôt grande mais pas trop quand même" y trouvent refuge sans effort tandis que le dos arrondi de ce manche vient se blottir contre le creux de la paume. Le tenon du flipper prolonge la garde déjà conséquente taillée dans le titane et protège efficacement la main contre une éventuelle glissade en direction de la lame.

En classe business.

En classe business.

Et comme ses lignes restent relativement neutres (on apprécie notamment l'absence d'empreinte pour forcer l'emplacement des doigts), il offre un beau choix de positions à son utilisateur. Cerises sur le marteau: le clip de poche a la délicatesse de ne pas trop se faire sentir, y compris lorsqu'on essore cette poignée comme si on voulait en faire couler du jus de titane, et le subtil rainurage réalisé sur les chanfreins offre une bonne adhérence tout à fait acceptable compte tenu du fait que le manche est entièrement métallique.

Comme tous les manches "full metal" dotés d'un tel gabarit, celui du 0801Ti est froid au toucher et lourd. Il a certes perdu quelques grammes en comparaison du 0801 "originel" grâce à sa conception plus aérée, mais il reste un sacré parpaing de poche et glisserait volontiers d'une main hésitante malgré un centre de gravité parfaitement positionné.

Certaines personnes apprécient le sentiment de robustesse que procure un manche bien lourd, d'autres trouvent au contraire tout surpoids rédhibitoire... Personnellement, une telle masse ne me choque pas sur ce modèle en particulier, compte tenu de son programme d'utilisation.

Parce que le 0801 fait réellement honneur au crédo de Zero Tolerance: c'est une véritable bête de somme avec son châssis entièrement réalisé dans ce matériau à la fois plus léger et résilient que l'acier, tout en étant pratiquement immunisé à la corrosion. Il est aisé de comprendre à quel point ces qualités peuvent être désirables sur un couteau et pourquoi la catégorie des "framelock titane" -dont le 0801 est l'un des précurseurs- a rencontré un tel succès au cours de la décennie écoulée.

Tu imagines, toi, péter un truc pareil?

Tu imagines, toi, péter un truc pareil?

Pour ce qui est des coquetteries, en plus des lignes épurées mais harmonieuses dessinées par Todd Rexford et du travail de sculpture réalisé par les machines à commande numérique, Zero Tolerance nous propose avec ce modèle une quincaillerie plutôt sobre, qui ne contraste avec les surfaces du manche que par sa teinte sombre, et qui nous fait le plaisir d'être parfaitement standard. Il ne faudra donc qu'un simple duo Torx t6+t8 pour procéder au désassemblage complet et à l'entretien de ce couteau.

Les deux moitiés du châssis sont maintenues solidaires par un trio d'entretoises venues compléter l'axe de charnière, ce qui permet d'évider complètement le dos du manche pour laisser la lumière le traverser. Une architecture qui correspond plutôt bien à mes goûts personnels.

J'en ai plusieurs foutus comme ça et c'est toujours une réussite je trouve.

J'en ai plusieurs foutus comme ça et c'est toujours une réussite je trouve.

Dans l'ensemble, je trouve donc que nous avons à faire à une très belle réalisation.

Une articulation... oh my god!

Dans la vie, il y a les couteaux à flipper d'un côté, et les frame lock à flipper de Zero Tolerance de l'autre. Dire qu'on aime les premiers sans avoir essayé les seconds, c'est comme dire qu'on aime le whisky sans avoir jamais goûté autre chose que du Label 5 noyé dans le coca.

Qu'il s'agisse de l'ouverture un peu molle d'un Böker plus FR ou même du déploiement assisté du Kershaw Cryo, aucun des flippers que j'ai possédé avant le 0801Ti ne m'avait jamais procuré une telle sensation. Aucun de ceux que j'ai possédé après non plus d'ailleurs... à part bien sûr mon autre Zero Tolerance!

J'adore les couteaux à flipper, j'en ai de toutes les tailles, avec toutes sortes de mécanismes de verrouillage. Certains d'entre eux sont décevants, d'autres carrément inutilisables "out of the box", mais j'en ai aussi de particulièrement ludiques et efficaces et même des qui s'approchent de la perfection... mais aucun d'entre n'égale (et encore moins ne surpasse) l'agrément de mes Zero Tolerance.

Attention, doirgasme imminent!

Attention, doirgasme imminent!

Au risque de me répéter: la détente est franche mais pas récalcitrante et une pression ferme sur le large tenon métallique permet de la vaincre sans effort inconsidéré. La lame, articulée sur ses roulements à billes en céramique, bondit alors vers sa position de verrouillage, emportée par l'inertie grisante que lui procure sa masse conséquente.

Le verrouillage se met alors en place en un CLAC clair et net, que l'on croirait conçu par un ingé son de génie. Le couteau est prêt à en prendre plein la tronche.

Un gros plan sur cette fameuse charnière permet d'ailleurs d'observer deux détails d'importance:

Et on dit "Merci le zoom!"

Et on dit "Merci le zoom!"

Premièrement, le fait que le roulement (en bleu) affleure du châssis au niveau de la découpe du ressort illustre à quel point le diamètre de ce dernier est important. C'est ce diamètre qui permet d'expliquer, à son tour, l'incroyable fluidité du mouvement mais également la stabilité de la charnière.

Deuxièmement, on ne manquera pas de remarquer l'insert en acier vissé au bout du ressort et destiné à garantir la durée du vie du mécanisme en préservant le titane du martèlement contre le talon de la lame. Une attention que l'on retrouve désormais sur quasiment tous les couteaux de ce genre.

Le verrouillage est, cela va sans dire, particulièrement robuste et fiable, grâce notamment à l'importante quantité de matière venue se placer sous la lame.

Le genre qui ne se déloge pas par accident.

Le genre qui ne se déloge pas par accident.

Pour autant, il est plutôt aisé de libérer la lame lorsque le besoin de fermer le couteau se fait sentir. Le pouce trouve un bon appui sur le rebord du ressort et écarte ce dernier sans difficulté notable. De plus, aucun phénomène de "collage" n'est à déplorer.

Les deux seuls reproches que l'on pourrait faire à la fermeture de ce couteau sont: d'une part l'absence de tout mécanisme susceptible d'empêcher une torsion accidentelle du ressort au delà de l'axe du manche (à la façon de l'overtravel stop que l'on retrouve sur le ZT 0562Ti) et qui donc laisse planer le risque d'entrer dans la zone de déformation plastique du ressort, au point de dérégler ce dernier...

Et qui va m'empêcher de tout foutre en l'air? HEIN? QUI??? Bon, ok, la résistance du titane...

Et qui va m'empêcher de tout foutre en l'air? HEIN? QUI??? Bon, ok, la résistance du titane...

...d'autre part une bille de détente un poil trop proéminente et qui, placée inhabituellement loin de l'extrémité du ressort, ne repose pas immédiatement sur le flanc de la lame lorsque celle-ci commence à se replier, de sorte que la fermeture du couteau se trouve interrompue par une "fausse détente" indésirable, au moment où le côté de la bille entre en contact avec le talon de la lame.

C'est exactement là que ça coince.

C'est exactement là que ça coince.

Le pouce retiré du frame lock (parce que sinon, le tenon du flipper appuie dessus et la lame est bloquée...), il faut donc exercer une franche poussée pour franchir ce cap. On peut alors clairement voir (et sentir) le ressort s'écarter tandis que la bille de détente "monte" sur le flanc de la lame et que le mouvement reprend son cours normal.

Ça n'est pas dramatique en soi, mais c'est un geste qui nécessite un minimum d'habitude si on ne veut pas se laisser surprendre. Et avec l'association d'un frame lock pas particulièrement amical avec les doigts "by design" et d'une lame aussi tranchante, il est préférable de ne pas se laisser surprendre...

Un port discutable

Si le ZT 0801Ti est un couteau pliant, on ne peut pas pour autant dire qu'il soit le compagnon idéal de l'aventurier citadin.

Pour commencer, il pèse pas moins de 160 grammes. En d'autres termes, l'avoir dans la poche, c'est comme se balader avec à peine moins que 3 Bugout CF ou encore 4 Opinel... Ce n'est donc pas une décision qu'on prend "à la légère" (ha ha) dans les innombrables situations où les modèles sus cités sont parfaitement adaptés aux besoins triviaux d'un quotidien sédentaire.

Il faut donc avoir, au choix, un sacré boulot à abattre ou une furieuse envie de se la jouer "overkill" pour jeter son dévolu sur le parpaing de Zero Tolerance.

Une fois cette décision prise, on accrochera le 0801Ti sur le rebord d'une poche (dont on aura pris soin de vérifier la robustesse) grâce à un clip pointe en haut, réversible droitier-gaucher et théoriquement profond directement emprunté au Kershaw Cryo...

...et mis à l'échelle, cela va sans dire!

...et mis à l'échelle, cela va sans dire!

En sa qualité d'emprunt, cette languette de métal souffre donc logiquement des mêmes avantages et inconvénients que celle du Cryo: elle offre un bon maintien tout en permettant un retrait du couteau facilité par la texture lisse du manche et ne pose pas de problème ergonomique majeur une fois le couteau en main... En revanche, malgré le pli réalisé à la base du clip dans le but de le rendre profond, le couteau ne disparait jamais vraiment dans la poche.

Pour commencer, son implantation éloignée du pommeau par la présence d'un passe-lanière fait que le manche dépasse bien au delà de la base du clip.

Il y en a un peu plus, je vous le laisse?

Il y en a un peu plus, je vous le laisse?

Et pour aggraver cet état de fait, la visserie utilisée pour fixer le clip est outrageusement saillante, de sorte que n'importe quel tissu un tant soit peu épais (genre... une couture de poche) se trouve bloqué dans sa progression avant d'avoir atteint le fond du clip.

Il résulte de cet état de fait un couteau qui dépasse doublement de la poche lorsqu'il y est accroché.

Dans une partie de cache-cache, il perd à tous les coups.

Dans une partie de cache-cache, il perd à tous les coups.

En outre, une fois ainsi fixé, le volume important occupé par ce couteau, même replié, bloque en grande partie l'accès à la poche tandis que le tenon du flipper dépasse généreusement du dos du manche et s'assure de punir comme il se doit toute velléité de frôlement.

Quant au facteur d'acceptabilité sociale de ce modèle aussi impressionnant par ses dimensions que par sa mécanique clinquante, regardons les choses en face: il est quasi nul. Aucun moldu ne se sentira en sécurité à proximité d'un maniaque équipé d'une telle lame.

De mon point de vue, le 0801Ti est donc à ranger dans la catégorie des couteaux carrément inacceptables en public et qu'il convient de réserver, si l'on ne souhaite pas attirer une attention indésirable, à des contextes spécifiques requérant un outil de son gabarit.

Un rapport qualité/prix cohérent

Compte tenu des éloges formulées plus tôt sur sa mécanique parfaitement ajustée, des matériaux haut de gamme utilisés pour sa fabrication et de la qualité impeccable de ses finitions, on ne sera pas surpris de voir ce modèle affiché au alentours de 300€ tarif catalogue.

Comme pour tous les couteaux situés dans cette gamme de prix, il s'agit d'un tarif complètement démesuré pour un profane à qui on conseillera sans retenue de passer son chemin et de dépenser son argent à des choses plus utiles: à moins d'être passionné ou professionnel, un couteau à vingt balles fera aussi bien 99% du boulot ordinaire d'un utilisateur moyen.

Pour un utilisateur extrême ou un collectionneur en revanche, ce tarif s'explique très bien et peut même sembler "raisonnable" au regard de la qualité de l'outil que Zero Tolerance met à notre disposition. Parce que des framelocks titane entre 200€ et 300€, on en trouve à la pelle. Cette fourchette est même plutôt la "normalité" pour ce type de réalisation, mais tous les représentants de cette catégorie ne sont pas du même niveau de qualité que le 0801Ti.

Une conclusion conquise

Si je ne suis pas en mesure de justifier quotidiennement l'utilisation de ce modèle, il reste l'un de mes couteaux favoris, et aussi l'un de mes premiers gros craquages budgétaires.

C'est une belle pièce, aussi bien mécaniquement qu'esthétiquement, et c'est aussi une belle bête, prête à s'attaquer à n'importe quel chantier. Une réalisation qui ne souffre d'aucun défaut majeur, affublée certes d'un clip améliorable et d'un poids inhérent à la quantité de matière dont elle est constituée, mais que l'on peut observer sous toutes les coutures sans jamais trouver de raison valable de lui tourner le dos.

Alors certes, je suis loin d'avoir essayé tous les modèles de la marque américaine mais, pour ce qui est de l'échantillon à ma disposition: Zero Tolerance, c'est vraiment une came à part!

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E
>>>un blog qui allait devenir le succès planétaire que l'on sait, avec sa demi-douzaine d'abonnés<br /> <br /> Je suppose que tu parles des abonnés à une newsletter ?<br /> Parce qu'il y a aussi les gens comme moi qui sont abonnés au flux RSS.<br /> <br /> Joli couteau. Pour nous autres amateurs c'est une forme de une consolation pour le chagrin infini de ne jamais pouvoir posséder un pliant custom de Todd Rexford :-)
Répondre
U
Tu veux dire que j'ai potentiellement 6 lecteurs réguliers de plus que ce que je croyais?!<br /> <br /> Champagne!!! :D