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Escapades coutelières

Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs

CPM 154

Le CPM 154 travaillé en finition miroir sur ce Model 10 LTD limité à 25 exemplaires.

Le CPM 154 travaillé en finition miroir sur ce Model 10 LTD limité à 25 exemplaires.

Catégorie

Les haut de gamme

Première apparition

2004

Composition
Carbone 1.05%
Chrome 14%
Molybdène 4%
Tungstène 0.2%
Vanadium 0.2%
Manganèse 0.5%
Silicium 0.8%
Phosphore 0.03%
Sulfure 0.03%
Micrographe
Le CPM 154 sous le microscope du dr Larrin Thomas

Le CPM 154 sous le microscope du dr Larrin Thomas

Le micrographe ci-dessus provient du blog de Larrin Thomas: Knife Steel Nerds

Propriétés
Dureté usuelle 59 HRC
Résilience(1) 3/5
Mordant du fil(2) 5/5
Tenue du tranchant(1) 3/5
Facilité d'affûtage(2) 4/5
Résistance à la corrosion(1) 3/5

(1) D'après les mesures expérimentales de Knife Steel Nerds

(2) D'après mon expérience empirique, étant donné les géométries de lame à ma disposition

Présentation

Impossible de parler du CPM 154 de l'américain Crucible Industries sans présenter d'abord son prédécesseur avec lequel il est souvent confondu: le 154CM (pour "15% Chromium, 4% Molybden").

Développé en 1959 dans le cadre d'une course technologique dont l'enjeu était de fournir en acier les fabricants de roulements à billes destinés à équiper les réacteurs d'avion, la formule du 154CM se distingue de celle du 440C (qui constituait alors le standard pour les aciers "rapides" inoxydables) par l'ajout d'une quantité substantielle de molybdène qui améliore sa résistance à très haute température.

Ce n'est qu'en 1972 que le coutelier Bob Loveless s'intéressa à cet alliage pour un usage coutelier. Il lui trouva des propriétés mécaniques intéressantes "du fait de sa résistance à chaud" et en fit son alliage de prédilection. La célébrité du coutelier et le caractère exclusif du matériau aidant, le 154CM devint bientôt l'acier que tout le monde désirait et de nombreux clones firent leur apparition. Pourtant, le 145CM possède des carbures tout aussi gros que le 440C, sans réellement présenter une quelconque supériorité mécanique évidente à température ambiante.

Dans les décennies qui suivirent, la métallurgie des poudres, utilisée par Crucible dès 1967 pour ses aciers d'outillage, se démocratisa: en mélangeant des microparticules plutôt que des lingots, les aciéries des années 90 se mirent à produire des alliages à la granularité plus fine et à la composition plus homogène, doté de structures de mieux en mieux maîtrisées. Crucible Industries, déjà connu pour fournir des aciers qualitatifs au monde de la coutellerie, expérimente les aciers frittés au vanadium dès 1972 et, après quelques itérations, lance en 2001 sa première nuance spécifiquement conçue pour la coutellerie: le CPM S30V. Le succès est immédiat, mais de nombreux couteliers se plaignent de l'excessive résistance à l'abrasion de cet alliage qui rend le travail de découpe et d'émouture aussi fastidieux que couteux. Pour éviter de voir ces clients mécontents partir à la concurrence, Crucible ressort en 2004 la recette de son sempiternel 154CM et se met à le produire grâce au procédé de métallurgie des poudres sous l'appellation CPM 154.

Si les ingrédients de ces deux alliages sont strictement les mêmes, le procédé de fabrication du CPM 154 lui donne une granularité bien plus fine qui, à sont tour, améliore ses qualités mécaniques: capable à la fois de prendre un fil plus fin et de résister à des contraintes mécaniques jusqu'à deux fois plus élevées avant de céder, le successeur du 154CM lui est supérieur en tout point, tout en conservant la facilité d'usinage et de finition qui fait défaut au CPM S30V. Le succès fut au rendez-vous et, dès 2005, le CPM 154 devenait la coqueluche des couteliers et de leur clientèle.

Du point de vue de l'utilisateur, cet alliage présente un excellent équilibre de qualités: la finesse de son grain et sa dureté élevée permettent (pour ce qui concerne mes couteaux faits de cet alliage, en tout cas) de former sans effort un fil extrêmement agressif. Assez résistant à la corrosion pour que cette dernière ne soit pas un sujet de préoccupation de chaque instant, il conserve également son tranchant pendant une durée tout à fait satisfaisante. Par rapport à son prédécesseur 154CM, il illustre clairement le bond en avant qualitatif que la métallurgie des poudres a rendu possible.

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