7 Novembre 2024
(...et c'est pas si évident qu'on l'imagine de trouver la combinaison de touches pour faire un "ç" majuscule...)
Salut, ami lecteur et amateur d'outils de poche.
C'était il y a un peu plus d'un an. J'ai publié le centième article de mon blog et, dans la foulée, une tuile comme seule la vie nous les réserve m'est tombée dessus sans crier gare. J'ai géré la crise, remis de l'ordre dans mes priorités et, pendant quelques temps, la publications de critiques coutelières (activité chronophage s'il en est, lorsqu'on souhaite le faire correctement) n'était plus à l'ordre du jour.
Évidemment, comme tu peux t'en douter, je ne suis pas non plus sorti de chez moi sans emporter au moins un canif dans la poche. Et cette période aura notamment été l'occasion d'un essai très longue durée pour le Kershaw Covalent qui ne m'a pas quitté au cours des 12 dernier mois. J'ai d'ailleurs pris le soin d'ajouter un petit paragraphe à la critique de ce modèle. Si tu es curieux de savoir si/comment mon opinion a évoluée à l'issue de cette expérience, c'est par là que ça se passe (spoiler: c'est de la bombe ce truc!).
Pour autant, mon attrait pour la coutellerie ne s'est pas émoussé (arf, je suis toujours aussi bon!) et, faute d'écrire de nouveaux articles, j'ai continué à suivre l'actualité et à passer voir mon forgeron préféré pour le plaisir de me rendre ridicule avec un marteau à la main.
Or donc, c'est en suivant l'actualité et notamment la vidéo hebdomadaire "New knives of the week" du site de vente en ligne "Knife Center" que mes yeux trébuchèrent sur un modèle à l'esthétique particulièrement adaptée à mes goûts et dont les caractéristiques techniques semblaient cocher toutes les cases de mes attentes contradictoires d'amateur indécis. Un genre de Sandrin Torino, mais en version macho!
Ainsi, après avoir tourné quelques mois autour du pot, ajouté l'article à mon panier, annulé, fermé l'onglet du navigateur puis rouvert l'onglet puis remis l'article dans le panier quelques semaines plus tard, puis refermé puis réouvert puis... (enfin du vois l'idée quoi) que je me suis finalement rendu au point de collecte le plus proche de chez moi pour récupérer le précieux colis contenant mon exemplaire à moi tout seul du tout nouveau Tactile Chupacabra! Olé.
La société Tactile Turn située à Dallas, Texas, fabrique depuis 2012 des stylos haut de gamme en métal usiné. On retrouve notamment ses productions, sous l'appellation "stylo tactique", aux côtés du couteau, de la lampe torche, du trousseau de clefs, du smartphone, de la montre à deux SMIC et de tout autre gadget onéreux, inutile, et donc indispensable qui constitue "l'EDC" (Every Day Carry) de tout aventurier urbain digne de ce nom.
A force de voir ses produits vendus sur les mêmes sites en ligne que les couteaux de poche, et parce qu'il possédait déjà tout le matériel et la compétence pour usiner le métal et assembler de petites pièces délicates, Will Hodges -le fondateur de l'entreprise- finit par se dire en 2019 que ça ne serait peut-être pas idiot de fabriquer aussi des couteaux et qu'après tout, ça ne devait pas être plus difficile que ça. C'est ainsi que sort en 2021 le tout premier modèle de la Tactile Knife Company: le Rockwall.
Cette aventure pleine de rebondissements aura nécessité de gros investissements et le recrutement de couteliers aguerris, Tim Harbert et Matt Palmore, pour travailler en collaboration avec les fraiseurs du cru. Le résultat rencontre un succès critique indéniable mais l'entreprise reste pour quelques temps encore un acteur plutôt discret sur la scène coutelière, vendant principalement ses productions sur son propre site web.
C'est lors de l'édition 2024 du salon "Blade Show Texas", en voyant les amateurs former une longue file d'attente devant le stand de l'entreprise venue présenter ses nouveautés, que l'on réalise que Tactile Knife Co. a enfin réussi à créer le buzz autour de ses produits. Tendance qui s'inscrira dans la durée ou simple succès éphémère? L'avenir le dira, mais les argument de la société semblent pour l'instant plutôt solides: à part pour se fournir en métaux et en roulements à billes (et encore, plus pour longtemps pour ce qui est des roulements, si on en croit Will Hodges) l'entreprise ne fait appel à aucun sous-traitant et réalise ses couteaux de A à Z dans son atelier de Dallas. Une stratégie qui tire les prix vers le haut mais garantit une parfaite maîtrise de sa qualité de production.
Tout dernier design proposé à l'heure où j'écris ces lignes, le Chupacabra est destiné à incarner le futur de la marque, en s'appuyant sur des choix techniques audacieux. Son mécanisme de verrouillage n'est pas des moindres.
Si tu es un habitué du blog, tu sais déjà ce que je suis sur le point de dire. Dans le cas contraire, et au risque de me répéter, ce type de profil en pied de mouton correspond vraiment à mes goûts et mes usages et pose tout de suite ma critique dans des conditions très favorables.
Longueur | 83mm |
Longueur de coupe | 78mm |
Hauteur | 28mm |
Épaisseur | 3.4mm |
Épaisseur derrière le fil | 0.4mm |
Angle d'émouture primaire | 4.28° |
Type d'émouture primaire | Plate |
Matériau | CPM Magnacut |
Dureté* | 64 HRC |
(* données constructeur)
Alors je ne m'attarderai pas sur le côté CPMagnaCutDeL'espaceToutLeMondeEnVeuxC'estTropBath, c'est bon, on va finir par le savoir: l'acier conçu par Larrin Thomas (l'auteur du blog référence "Knife Steel Nerds") possède un équilibre de propriétés inédit et très désirable pour un acier de coutellerie. L'engouement autour de cet alliage est tel qu'il suffit de graver "Magnacut" sur la lame d'un couteau pour pouvoir augmenter son prix de 100€ et lui trouver quand même des acheteurs.
Durci ici à 64 HRC, chose rendue possible par une excellente résilience qui ne compromet pas la longévité de la lame à de tels niveaux de dureté, nous avons un outil qui conserve très bien son tranchant jour après jour après jour après jour...
Et puisqu'il est question de tranchant, il convient de remarquer que Tactile a fait un excellent travail d'affûtage sur ce couteau qui était véritablement rasoir dès sa sortie de boîte. L'émouture est en revanche beaucoup plus conventionnelle: aussi fine qu'on peu le souhaiter "derrière le fil", son angle reste néanmoins dans la fourchette haute de ce que l'on peut trouver sur d'autres lames de cette dimension. A titre de comparaison, mes deux autres trouvailles de l'année: le Civivi Vision FG et le Kershaw Bel-Air affichent respectivement 3.38° et 1.72°.
Nous sommes donc, avec le Chupacabra, en présence d'un profil plus robuste qu'entérine une épaisseur conséquente sur le dos de la lame. Ce couteau ne se comportera donc pas comme un trancheur fin et aura plus tendance à fendre qu'à couper les aliments rigides (pommes, carottes, courges...) qui pourraient croiser son chemin lors d'un usage alimentaire. Pour une utilisation bricolage, en revanche, on appréciera cet outil qui inspire la confiance et sur lequel on ne craint pas de pousser fort.
La ligne de coupe offre une progression bien dosée, subtilement arrondie et dotée d'une pointe basse parfaitement exploitable sur plan, sans qu'il soit nécessaire de lever excessivement le manche.
Et comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, le fil est suffisamment dégagé pour que l'on puisse exploiter la majorité du tranchant sur une planche à découper sans pour autant s'y écraser les phalanges.
Enfin, le profil général de cette lame offre au regard un agréable équilibre de courbes, surtout si on est un indécrottable fan de pieds de moutons.
Côté marquage, Tactile ne se prive pas d'occuper tout ce qui reste de flanc droit avec sa typographie propriétaire, et ne résiste pas non plus à l'envie de frimer sur le flanc gauche avec la nuance d'acier utilisée (mais ça, je l'ai déjà montré).
En résumé, nous sommes en présence d'une bonne lame utilitaire, à l'aise sur la plupart des terrains mais qui trouve ses limites sur les coupes les plus délicates, celles où on a besoin d'un scalpel pour faire le boulot proprement. Une lame au sujet de laquelle je ne suis probablement aussi pas objectif étant donné mon biais légendaire pour les pointes basses.
Tout en métal, le manche du Chupacabra impose sans la moindre ambiguïté un sentiment de robustesse à la main de l'utilisateur qui le saisit.
Longueur | 114mm |
Hauteur | 29mm |
Épaisseur | 14.5mm |
Platines | Acier inox |
Plaquettes | Aluminium |
Doté d'un profil relativement sobre et de dimensions raisonnablement généreuses, cette poignée se laisse attraper sans le moindre inconfort notable. Seul le mécanisme de verrouillage, qui dépasse ostentatoirement de son dos, peut dans certaines situations former un obstacle au positionnement optimal du pouce de l'utilisateur.
Mais puisqu'il est question de pouce, il convient également de noter que ce même mécanisme de verrouillage offre un appui stable et une surface agréablement pleine lorsque ce gros doigts trouve sa place juste au dessus ou juste en dessous de l'excroissance métallique.
A titre de comparaison, bon nombre de couteaux dont le programme est pourtant délibérément orienté "gros œuvre" (comme par exemple le ZT 0801Ti ou encore le Lionsteel Rok) ont un dos ouvert ou largement ajouré qui s'avère moins confortable sur les appuis les plus soutenus.
Assez long pour y loger confortablement les 4 doigts d'une main plutôt-grande-mais-pas-trop-quand-même, ce manche est doté d'une garde sécurisante qui empêche l'index de glisser sur la lame tandis que le contour de son ventre invite chaque phalange à sa juste place sans pour autant punir tout positionnement trop audacieux, comme le ferait un modèle au dessin excessivement élaboré.
Aussi à l'aise entre les phalanges qu'au fond de la main, ce manche bénéficie d'un chanfrein intégral qui permet d'éviter toute arête vive et le clip de poche tombe plutôt bien en ce qui me concerne moi personnellement moi-même. Une fois serré dans le poing, le dos du manche vient se blottir confortablement dans le creux de la paume pour un gros câlin. Il s'agit donc d'une réussite ergonomique globale pour autant que ma morphologie me permette d'en juger.
Côté matériaux, on est en pleine confiance avec un sandwich aux 5 métaux qui inspire une robustesse à toute épreuve et dont la couche extérieure en aluminium dépoli offre un grip tout à fait satisfaisant.
A contrario, cette structure se paye sur la balance et le Chupacabra ne se laisse pas facilement oublier. Certains utilisateurs apprécient de sentir le couteau peser dans leur main, une sensation qu'ils considèrent comme un gage de robustesse; d'autres y préfèrent l'agrément d'un outil rendu plus léger par l'utilisation de fibre de carbone. On ne discute pas l'égout et les couleurs!
Le contact est dur, froid... Pas de doute, on n'est pas en présence d'un truc en plastique qui sonne creux.
Esthétiquement, les lignes sont équilibrées et le noir mat relativement passe partout. Sans être une gravure de mode, cette poignée évite les fautes de goûts. La visserie est sobre (en plus d'être parfaitement standard, merci Tactile!), aucun marquage n'est à déplorer et une fois la lame repliée, l'ensemble s'intègre de façon parfaitement homogène.
Seul point qui interroge: à quoi cela sert de mettre des platines en métal sous des plaquettes en métal? Les couteaux à châssis alu ne sont pas rares et prouvent que ce matériau est a priori parfaitement viable pour soutenir visserie et lame. Faute de savoir ce qui motive le choix de Tactile, je ne peux donc que conjecturer inutilement sur la raison d'être de ces platines inox plutôt pas gracieuses sans pour autant réussir à me convaincre qu'elles sont légitimes.
Impossible de parler du Chupacabra sans évoquer son mécanisme de verrouillage. Cette réalisation inspirée du Superlock de Tan Snecx constitue en effet la particularité technologique à l'aide de laquelle la marque tente de se démarquer de la concurrence.
Une fois le couteau en main, l'utilisateur a deux options pour déployer la lame d'une seule main: utiliser l'ergot de pouce situé sur le flanc de cette dernière, ou libérer le verrou et propulser la lame par inertie ou gravité jusqu'à sa destination "à la Crossbar lock".
Dans le premier cas, il est légitime d'appréhender la sensation à laquelle on s'apprête à faire face. Faute d'une bille de détente comme on peut en trouver sur un couteau à liner ou frame lock, on s'attend à sentir la lame opposer une résistance élastique avant d'accepter de se déplier mollement jusqu'à sa position finale. Alors on pose le pouce sur l'ergot, on commence à pousser sans grand enthousiasme jusqu'à ce que...
...surprise! L'articulation émet un petit "clic" lorsque la lame quitte sa gouttière et n'oppose ensuite plus d'autre résistance que le frottement du verrou sur la charnière. La lame se déplie d'une simple pichenette en faisant un bruit des plus plaisants "clic, CLAC". Encore mieux: là où il arrive parfois à la détente d'un frame lock de refuser de libérer correctement la lame si l'utilisateur appuie accidentellement sur son ressort (situation vécue plus souvent que je ne voudrais l'admettre avec mes différents frame lock titane à flipper...) l'ouverture du Chupacabra se fait de façon parfaitement prévisible et répétable quelle que soit la position de la main sur le manche. Il s'agit donc d'une vraie réussite haptique et ergonomique de mon point de vue. Une réussite d'autant plus remarquable que ça n'a pas dû être évident de créer une détente aussi binaire au regard de la nature du mécanisme. On ne peut qu'imaginer les heures de travail et les dizaines de prototypes nécessaires pour arriver à un tel résultat.
Quant à l'ouverture par inertie ou gravité, elle est aussi jouissive que sur n'importe quel mécanisme similaire (Crossbar lock inclus) à ceci près que le ressort de l'axe de verrouillage est plutôt... vachement... très enthousiaste.
Il faut donc exercer une forte pression avec la pointe d'un doigt replié en crochet (et ne pas avoir les mains d'un enfant de 10 ans) pour pouvoir espérer libérer la lame de sa captivité et l'envoyer rejoindre sa butée d'ouverture d'un geste désinvolte du poignet. Une expérience qui peut s'avérer contrariante, voir carrément rédhibitoire pour les mains les plus délicates.
Une fois le verrou en place, plus rien ne bouge. La lame ne manifeste pas le moindre signe de jeu et la solidité du mécanisme n'a pour limite que de la robustesse du manche, c'est à dire... qu'il ne libèrera jamais sa captive dans un scénario d'utilisation réaliste. Libérer la lame, justement, requiert une franche traction sur le tenon qui affleure au dos du manche (oui... et qui peut, parfois, poser un souci de confort... on l'a déjà dit!). Et quand je dis "franche traction", ce ne sont pas des mots en l'air: la toile fourmille de témoignages dans ce sens et, plus proche de moi, mon fils de 11 ans à qui j'ai fait essayer le Chupacabra n'a pas réussi à le replier malgré l'usage de ses deux mains.
Alors oui, il y en a qui vont se plaindre, c'est certain. Et il y en a d'autres qui diront qu'ils ne voient pas où est le problème, qu'à eux ça n'a jamais posé la moindre difficulté, ou encore que le mécanisme s'adoucit avec le temps... Peut-être bien que c'est vrai. Mais si tu décides de faire l'acquisition de ce couteau suite à la lecture de cet article, ne viens pas te plaindre que personne ne t'avait prévenu! Le verrou est FERME, c'est comme ça et puis c'est tout!
Affublé d'un poids généreux de 135g imputable à l'épaisseur de sa lame autant qu'à son manche "full metal", le Chupacabra rappelle volontiers sa présence sur la couture de la poche où son clip profond, exclusivement droitier et pointe en haut le maintient.
Le susdit clip est plutôt bien conçu, s'engage aisément, offre une excellente tenue et une discrétion tout à fait plaisante...
...mais on s'interroge néanmoins sur les motivations qui ont poussé Tactile à ne pas nous offrir la possibilité de le changer de côté dans la mesure où le reste du couteau est parfaitement ambidextre.
Non pas que cela me pose problème, moi qui suit un indécrottable droitier contrariant (j'adore faire chier les gauchers contrariés), mais je m'interroge toujours quand je vois un fabricant louper d'aussi près une part de marché potentielle avec un oubli aussi trivial.
On peut aussi s'interroger sur la présence de vis bombées pour maintenir ce clip, lesquelles gênent la progression du tissu jusqu'au fond de la languette, alors que le reste de la quincaillerie n'affleure pas du manche et que la base du clip elle-même est logée dans ce dernier! Si près du but... C'est à se demander si cette histoire de clip n'a pas été improvisée à l'arrache, après qu'un mec ait fait remarqué à son patron qu'il manquait un clip au couteau la veille de sa sortie commerciale.
Et puisque j'ai l'habitude d'évoquer l'acceptabilité sociale des modèles que je présente, je ne peux que souligner un sentiment ambivalent au sujet du Chupacabra. D'une part, le profil de sa lame ne semble pas outrageusement menaçant et son mécanisme de verrouillage original pourrait tout à fait susciter la curiosité et même une conversation avec quelque amateur; d'autre part, son poids autant que sa conception robuste (et complètement métallique) inspirent un respect qui pourrait aisément être mêlé de crainte.
Compte tenu de ces facteurs, j'y réfléchirais personnellement à deux fois avant de déballer un tel canif en présence d'un public non averti.
Comme je l'ai dit dans la présentation générale (mais si, ce fameux paragraphe que tout le monde saute tellement il est ennuyant...), Tactile réalise l'intégralité des étapes de fabrication de ses couteaux dans les ateliers de Dallas, Texas. L'acier est acheté auprès des aciéristes nord américains et les roulements en céramique chez une entreprise spécialisée parce que, selon Will Hodges lui même: "La réalisation de roulements nécessite des machines qu'il n'est pas pertinent d'acquérir à notre échelle de production... pour l'instant".
Le résultat de cette politique, c'est que l'entreprise maîtrise la qualité sur l'ensemble de sa chaîne de production, et cela se ressent lorsque l'on tient le couteau en main: les pièces sont parfaitement ajustées, la lame impeccablement centrée, l'articulation est fluide et n'affiche pas le moindre jeu, les chanfreins sont propres et les surfaces régulières... On sent toute l'expertise des salariés de Tactile au contact des machines-outils.
Il n'y a objectivement rien à redire sur la qualité de cette réalisation, à moins de vouloir critiquer la fermeté du ressort de verrouillage, qui pourrait tout aussi bien être considérée comme un "feature" et non un "bug". Question de point de vue...
Mais cette qualité a un coût. Il faudra débourser 280€ pour se procurer un exemplaire du Chupacabra sur le sol français. Un tarif qui, je le répète encore, n'a aucun sens lorsqu'il s'agit d'un objet purement utilitaire dont les tâches quotidiennes pourraient tout aussi bien être assumées par un Opinel à dix balles. À ce niveau de prix, l'acquéreur achète un objet de pur plaisir susceptible de satisfaire ses pulsions consuméristes.
Et dans cette optique consumériste uniquement, on peut envisager de considérer que le prix de ce couteau est "raisonnable" au regard de sa qualité de réalisation. En tout cas, il est difficile d'argumenter que ce tarif n'est pas à la mesure de son coût de production.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, le Chupacabra coche la quasi intégralité des cases de ma liste de critères personnels: conception robuste, profil de lame agréable, choix d'acier séduisant, ergonomie satisfaisante, mécanisme de verrouillage ludique, sécurisé et ambidextre... Je ne trouve à lui reprocher qu'un clip non réversible (mais que je n'aurais de toutes façons pas retourné) et des vis de clip un peu trop proéminentes. Bref, pas de quoi refroidir mon enthousiasme!
Même l'inénarrable vigueur de son verrou se place pour moi au rang des qualités, dans la mesure où il inspire ainsi une grande confiance et où j'ai la chance d'avoir des mains incroyablement puissantes qui me permettent de contrecarrer son action sans y laisser un doigt. (non, je déconne: j'ai des mains tout à fait ordinaires et la fermeté de ce ressort n'est pas si dramatique).
En définitive, nous sommes là en présence d'une véritable pépite. Le genre de coup de cœur qui risque de tourner au vinaigre quand je vais me rendre compte que je n'ose même plus le sortir de la vitrine tellement je l'aime et je n'ai pas envie de l'abîmer, tandis d'autres coups de cœur ont le bon goût d'être juste assez imparfaits pour que je n'aie aucun scrupule à les maltraiter.
Et en parlant de coups de cœur, j'en ai eu plusieurs autres au cours de l'année écoulée... Et je me ferai une joie de les partager avec toi au fil des prochains articles.
Alors on se dit à bientôt?