Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs
Finesse et élégance sont de mise pour cette lame en VG10 dessinée par Brad Zinker et commercialisée par Böker sous l'appellation "FR".
Les valeurs sûres
1959
Carbone | 1% |
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Chrome | 15% |
Molybdène | 1% |
Vanadium | 0.25% |
Coblat | 1.55% |
Le micrographe ci-dessus provient du blog de Larrin Thomas: Knife Steel Nerds
Dureté usuelle | 60 HRC |
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Résilience(1) | 2/5 |
Mordant du fil(2) | 4/5 |
Tenue du tranchant(1) | 3/5 |
Facilité d'affûtage(2) | 4/5 |
Résistance à la corrosion(1) | 3.5/5 |
(1) D'après les mesures expérimentales de Knife Steel Nerds
(2) D'après mon expérience empirique, étant donné les géométries de lame à ma disposition
Produit de l'aciérie Japonaise Takefu Special Steel et conçu dans les années 60 spécifiquement pour la coutellerie, cet acier avait alors pour ambition de devenir la nouvelle "Golden reference" (d'où son nom "V Gold 10") des aciers inox de coutellerie, et ainsi de couper l'herbe sous le pied aux aciers "rapides" déjà existants et susceptibles de faire irruption sur ce marché (le recul historique nous permet notamment de penser au 440C alors sur le point d'être largement adopté, et au 154CM en cours de développement).
S'il n'aura pas empêché l'émergence de ses concurrents, en raison principalement d'une distribution limitée au territoire nippon, il s'est néanmoins forgé une solide réputation au delà de ses frontières et qui fait encore de lui, 60 ans plus tard, un alliage désirable sur n'importe quel couteau de qualité.
D'ailleurs, disons-le clairement, à partir de ce niveau de prestation il devient difficile d'apprécier les subtiles différences entre les alliages de coutellerie. Si des appareils sophistiqués permettent d'en mesurer et d'en comparer la granulométrie, la dureté, la résilience, et tout le tralala, l'influence de ces caractéristiques sur le ressenti de l'aventurier citadin qui s'en sert pour ouvrir des colis et couper des tranches de jambon est toute discutable.
A vrai dire, il est honnêtement difficile d'être certain que la différence que nous pensons percevoir en tant qu'utilisateur n'est pas davantage imputable à la géométrie de la lame, à nos erreurs d'affûtage ou même à notre orgueil d'acheteur (parce qu'il est aisé de se persuader qu'un couteau payé plusieurs centaines d'euros coupe nécessairement "mieux" qu'un bête Opinel).
Je ne m'exprime donc plus à présent que sous la caution du subjectivisme le plus total: il me *semble* que le VG10 est capable d'assumer un tranchant au mordant comparable -voir un poil supérieur- à celui du N690 dont la composition chimique est proche. La différence est en revanche beaucoup plus sensible en comparaison d'aciers tels que le 440C ou le X90CrMoV18. Le VG10 me donne également l'impression d'être légèrement plus facile à affûter que son rival autrichien N690, et que son tranchant tient tout aussi longtemps si ce n'est plus.
Tout cela doit néanmoins être considéré en tenant compte de la géométrie des lames qui sont à ma portée. Il faut en effet préciser que le VG10 est traditionnellement utilisé pour les lames fines (couteaux de poche et de cuisine) tandis que le N690 est plus souvent préféré sur des couteaux d'extérieur en raison de sa résistance plus élevée à la corrosion. Or ma collection ne fait pas entorse à cette règle puisque mon seul modèle en N690 est un véritable tank en comparaison de mes couteaux en VG10 globalement fins. Toute tentative de comparatif par l'expérience est donc fortement biaisé par cette disparité de profil.