Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs
2 Février 2023
Salut, cher lecteur.
Je sais: tu commences à penser que ce blog est en réalité un instrument de propagande à la solde du géant rouge. Parce qu'au regard des articles dithyrambiques que j'ai rédigé sur le Bestech Texel, le Ruike Hornet, le WE Knife 605M et les CIVIVI Elementum et Appalachian Drifter de ma collection, on ne peut pas dire que j'ai été particulièrement dur avec les productions chinoises jusqu'à présent.
Et bien rassure toi: cette tendance...
...ne va pas s'inverser aujourd'hui!
Au risque de briser tout le suspense et de te couper l'envie de lire la suite de cet article, tu n'assisteras pas aujourd'hui encore à un lynchage en bonne et due forme. Le modèle dont nous allons parler me tient en effet tout particulièrement à cœur, au point de se voir attribuer le tag "pépite" qu'un explorateur averti de ce blog saura utiliser pour retrouver mes jouets préférés.
Alors pourquoi ce goût inconditionnel pour les couteaux bridés? En réalité cela n'a aucun rapport avec leur origine. D'ailleurs, esthétiquement parlant, je trouve l'immense majorité des modèles sortis des usines chinoises au mieux insipides, au pire carrément dégueus. Et si je ne remet pas en cause leurs atouts techniques et leur incroyable rapport qualité/prix, il est plutôt rare que l'un d'eux retienne mon attention.
Seulement voilà, avec les dizaines de nouveaux modèles qui déferlent tous les ans sur nos côtes occidentales, il arrive inévitablement que, tôt ou tard, un design fasse "tilt". Or, je ne disserte que sur les couteaux que je possède, et il n'y a en l'occurrence que deux moyens pour qu'un couteau atterrisse dans ma poche:
Il en résulte donc que, tant que mes proches ne se seront pas passés le mot pour me refourguer de bonnes grosses daubes "made in China" (non, ceci n'est pas un appel du pied, ma vitrine est déjà pleine, merci), l'enthousiasme sans équivoque exprimé sur ce blog à l'égard des modèles asiatiques ne sera ni plus, ni moins, que le fruit d'un échantillonnage particulièrement biaisé combiné au professionnalisme de leurs fabricants.
C'est aussi simple que ça.
Nous avons déjà survolé ensemble l'histoire de Bestech dans un précédent article, aussi je ne te ferai pas l'affront d'y revenir en détail. Tout au plus est-il utile de préciser ici que cette marque est apparue en 2017, à l'initiative d'un fabricant qui pratiquait déjà la sous-traitance pour les grandes marques occidentales depuis plus d'une décennie.
Proposant d'abord un catalogue très conventionnel, majoritairement constitué de modèles à Liner Lock associant des lames en acier D2 et des plaquettes en G10, la marque a progressivement diversifié ses matériaux et ses mécanismes.
Il faudra toutefois attendre 2022 pour que Bestech s'inscrive dans la mouvance Crossbar Lock, démarrée quatre ans plus tôt par la concurrence suite à l'expiration du brevet détenu par Benchmade. Et plutôt que d'imaginer un énième nom propriétaire pour son mécanisme, le marque chinoise choisit tout simplement d'adopter le terme "Crossbar Lock" cher à la presse spécialisée et aux sites de vente en ligne.
Cette même année, un blog fait littéralement trembler l'industrie coutelière mondiales. Ses critiques, lues quotidiennement par plus d'une demi-douzaine d'internautes perdus sur la toile, font la pluie et le beau temps sur les chiffres d'affaires et les dividendes des actionnaires. Pour s'attirer la bienveillance de son auteur impitoyable, un amateur notoire de lames en pied de mouton, Bestech décide alors de combiner son nouveau mécanisme de verrouillage avec le susdit profil de lame...
(...ou alors un designer s'est simplement dit que ça serait sympa de faire un pied de mouton à Crossbar Lock, c'est pas non plus complètement impossible...)
...Quoi qu'il en soit, le Slasher était né, et il avait tous les atouts pour me plaire.
S'il est évident que j'ai un énorme biais à la fois esthétique et pratique en faveur de ce type de profil, cette lame ne démérite pas pour autant d'un point de vue purement technique.
Longueur | 79mm |
Longueur de coupe | 72mm |
Hauteur | 25mm |
Épaisseur | 3.2mm |
Épaisseur derrière le fil | 0.5mm |
Angle d'émouture primaire | 4.29° |
Type d'émouture primaire | Plate |
Matériau | D2 |
Dureté* | 59 HRC |
(* Données constructeur)
Dotée de lignes dynamiques sans pour autant virer au "tactique", grâce notamment à sa pointe basse et assez obtuse, ce profil particulier évoque en moi l'image d'un outil moderne et fonctionnel. A l'usage, j'apprécie son fil relativement tendu mais néanmoins exploitable sur toute sa longueur, y compris lors des coupes contre support.
En usage, alimentaire, il est aisé de sacrifier sa pointe contre le fond d'une assiette en céramique (lorsque l'on n'a pas la prévoyance d'utiliser une assiette en bois), tout en préservant la quasi-totalité de son tranchant du contact avec cette surface maudite. En situation de petite préparation culinaire (saucisson, oignons, petits légumes...), on peut au contraire amener la base du fil jusqu'à la planche à découper, à condition d'adopter une prise en main adéquate.
Pour le bricolage, ce profil correspond également particulièrement bien à mes usages, qu'il s'agisse de suivre avec précision un trait de coupe sur un support en bois (façon "cutter") ou au contraire de pousser/tirer le fil au travers d'une matière tenue à la main (découpe de carton, de corde...): dans ce second cas, avoir un tranchant relativement tendu permet, je trouve, de limiter ce phénomène où la lame "s'échappe" de la matière de façon intempestive.
A l'usage donc, les seuls soucis rencontrés avec cette lame sont: un ergot de pouce relativement avancé qui prive la lame d'un bon centimètre de sa longueur utile dans les situations où il faut en exploiter toute la surface (le fameux test de la plaquette de beurre...); et une épaisseur certes standard mais qui -à mon avis- ne se justifie pas forcément sur un couteau d'usage quotidien. Sans être vraiment handicapants, les 3.2mm mesurés sur son dos ne favorisent pas les coupes profondes en comparaison de modèles placés sous la barre symbolique des 2.6mm (et ils sont de plus en plus nombreux). Ironiquement, le "Slasher" n'est donc pas le couteau le plus apte à trancher qu'il m'ait été donné d'utiliser, cela en dépit d'une émouture haute et plutôt aigüe.
Cette géométrie est compensée par un fil plutôt fin et parfaitement affûté en sortie d'usine. En outre, l'acier choisi par Bestech sur ce modèle (comme sur une grande partie de sa gamme) présente un excellent compromis de qualités au regard de son tarif abordable. Un peu délicat à affûter vraiment rasoir, la tenue de son tranchant n'a en revanche rien à envier à celle d'alliages beaucoup plus coûteux. Quant à sa moindre résistance à la corrosion, un minimum d'attention suffit à éviter la plupart des problèmes.
Esthétiquement, on retrouve dans ce modèles plusieurs qualités que j'avais apprécié sur le Texel: les lignes d'émouture sont propres, la contre émouture donne une belle dynamique à cette lame et son marquage est plutôt minimaliste.
On retrouve, côté droit, le logo et le nom de la marque, tandis que côté gauche, la nuance d'acier utilisée est dissimulée le long de la charnière.
Les flancs comme les émoutures bénéficient d'une finition "stonewashed" qui leur va à ravir, en même temps qu'elle atténue les conséquences visuelles des inévitables petites marques d'usage.
Si je devais émettre une critique sur la silhouette de cette lame qui, globalement, me plait quand même plutôt vachement beaucoup (je te l'ai dit, que j'adorais les profils pieds de mouton???): je trouve un poil maladroite la transition entre la naissance du fil et la charnière.
Pour des raisons techniques liées à la nature du mécanisme de verrouillage, l'entablure se prolonge loin au delà du manche et crée une sensation de vide à la base de la lame.
Pas la moindre petite courbe pour donner l'illusion d'un casse-goutte et briser la monotonie de cette surface, juste un large méplat dont la hauteur tranche avec celle de la garde plutôt profonde qui orne le manche. A cet endroit, la lame donne l'impression d'avoir été greffée de force alors que, partout ailleurs, elle prolonge à merveille les lignes dessinées par le manche.
C'est pas la fin du monde mais j'étais obligé d'en parler.
Agréablement dodu, ce manche se paye en plus le luxe de ne pas être désagréable à regarder.
Longueur | 100mm |
Hauteur | 26mm |
Épaisseur | 14.5mm |
Platines | Acier inox |
Plaquettes | Micarta |
Entretoise | G10 |
Plutôt court au vu de ses autres dimensions, le manche du Slasher donne l'impression d'être trapu. Une impression renforcée par son pommeau à angle droit qui lui procure une silhouette plutôt rectangulaire. Pour autant, il y a de quoi héberger tout le monde: les quatre doigts d'une main "un peu plus grande que la moyenne mais pas trop non plus" y trouvent le gite.
Agréablement épais, il remplit correctement les phalanges aussi bien que que le creux de la paume. De plus, le travail réalisé sur le volume de ses plaquettes (entièrement chanfreinées sur les bords et plus épaisses en leur centre) crée une section à la fois confortable et stable en main. Associées à la douceur et au grip du micarta, ces qualités en font un outil agréable à manipuler et dont on ne craint pas qu'il nous échappe.
Les platines, bien que largement espacées (conséquence d'une lame un peu épaisse et de roulements non encastrés), ont bénéficié des soins nécessaires pour ne pas devenir non plus une source d'inconfort: tous les angles ont été cassés, les arêtes polies... la peau s'insinue certes dans cet espace lorsque l'on serre le manche plus que de raison, mais n'en garde pas pour autant de traces a posteriori.
Une garde généreuse et sécurisante mène directement à une encoche pour l'index qui stabilise encore plus cette prise en main et donne une bonne sensation de verrou. En prise inversée (une prise que je n'utilise déjà pas avec les couteux pointus, alors tu parles si ça m'arrive avec un profil pied de mouton...), le petit doigt se cale à merveille contre la garde tandis que le pouce trouve un appui confortable sur le pommeau.
Seul point noir au tableau: cette ergonomie par ailleurs remarquable souffre d'un clip de poche maladroit.
Pour commencer, en ayant voulu le rendre profond (ce qui partait plutôt d'une bonne intention), Bestech l'a fait exagérément protubérant. En effet, en choisissant de faire l'économie de vis à tête fraisées, le fabricant a dû écarter ce clip du manche de façon exagérée afin d'aménager l'espace nécessaire pour que le tissu de la poche puisse se glisser par dessus les têtes de vis bombées.
Dans ces conditions, il est illusoire d'espérer ne pas sentir cette barre de métal sur toute sa longueur lorsque l'on serre le couteau entre les phalanges. Une expérience pas particulièrement agréable:
En outre l'extrémité de ce clip est affublée, on se demande d'ailleurs bien pourquoi, d'une pointe particulièrement saillante qui se révèle parfaitement inconfortable dans une diversité inattendue de situations: lorsque le couteau est serré au creux de la paume, évidemment, mais aussi lorsqu'il est suspendu au rebord de la poche et que l'on passe la main trop près de cette dernière.
Par chance, la forme et la taille de mes paluches me permettent d'éviter naturellement les positions dans lesquelles ce clip est capable du pire, et la situation se limite donc pour moi à un simple inconfort occasionnel. En revanche, plusieurs témoignages sur la toile font état d'un niveau de nuisance tel que l'ablation pure et simple de cet appendice métallique était devenu la seule option.
La chose est d'autant plus regrettable qu'un simple petit pli destiné à rabattre l'extrémité du clip aurait suffit pour éviter la plupart de ces reproches. Ce n'est pas comme si cela n'avait jamais été fait auparavant.
Vis à tête fraisées, extrémité du clip repliée... Et dire que le modèle du dessus coûte presque deux fois moins cher!
Côté habillage, Bestech nous propose donc un micarta "blue Jean's" à la fois original et de bon goût, réhaussé par une vis de charnière au motif propriétaire caractéristique de cette marque et heureusement complétée par une tête torx de l'autre côté du manche.
Deux vis supplémentaires pour faire tenir l'entretoise en G10 située au pommeau, et les têtes de l'axe du Crossbar Lock: voilà tout ce que l'on trouve à la surface de ce manche. Un ensemble raisonnablement sobre et passe partout mais pas non plus complètement dénué de personnalité.
A ce stade de ta lecture, ce n'est plus une surprise si je t'annonce que le Slasher est équipé d'un Crossbar Lock, c'est à dire une implémentation "open source" de l'Axis Lock révélé il y a 24 ans par Benchmade.
A ce mécanisme de verrouillage pour le moins plaisant -car robuste, ludique et parfaitement ambidextre- est associée une charnière sur roulements à billes (mais ça non plus, ce n'est pas non plus un scoop si tu as lu attentivement le chapitre précédent). Cette combinaison rapproche donc davantage le Slasher du Terminus XR que des productions historiques de Benchmade montées sur rondelles: une fois le mécanisme libéré, le mouvement de la lame est particulièrement fluide et l'ouverture comme la fermeture par inertie (ou gravité) est un véritable plaisir récréatif.
La comparaison ne s'arrête d'ailleurs pas là car, bien que la mécanique mise en jeu soient différente, l'articulation du Slasher se comporte exactement comme celle de son rival américain lorsque la lame est proche de sa butée de fermeture: un mouvement de recul de l'axe transverse a pour effet d'entrouvrir la lame (ou d'amortir sa chute, selon la situation).
Ce comportement s'avère véritablement aidant lors des ouvertures par inertie/gravité. A tel point qu'il est même possible, en tenant le couteau couché sur son flanc, de l'ouvrir complètement d'une simple traction sur son verrou.
De plus, il présente également l'avantage de ménager les différentes butées lorsque le couteau est fermé comme un bourrin: une fois le verrou libéré, la lame propulsée par un bon coup de poignet viendra atterrir en douceur dans son rangement à mesure que le Crossbar accompagne la fin de sa course.
Ces éléments combinés font du Crossbar Lock "sauce Bestech" l'un des mécanismes les plus diaboliquement ludiques qu'il m'ait été donné de manipuler, en plus d'assurer un maintien sans faille et dépourvu de tout jeu suspect.
L'ensemble de ces qualités fait que l'ouverture par ergot de pouce donne vraiment l'impression d'être dispensable. En plus d'être encombrant et gênant lors de certaines situations de coupe, cet appendice n'offre pas vraiment l'agrément d'usage auquel nous ont habitués les modèles à Liner Lock/Frame Lock.
La détente "élastique" du Crossbar Lock et les frottements conséquents qu'il engendre lorsqu'il n'est pas délibérément écarté font que, même propulsée par une pichenette vigoureuse sur son ergot, la lame s'arrête fréquemment avant la fin de sa course... quand elle ne revient pas carrément à son point de départ si la poussée initiale manquait de conviction!
Évidemment, l'ouverture par ergot reste parfaitement fonctionnelle, surtout lorsque l'on accompagne posément la lame d'un bout à l'autre de sa course, aidé dans cette entreprise par un positionnement pertinent du susdit ergot... Mais on est loin du "fun factor" procuré par l'ouverture inertielle.
Au rayon des particularités remarquables dont tout le monde se fout, j'ai remarqué sur cette articulation une quantité inhabituelle d'axes à proximité de la charnière.
En effet, tandis qu'un unique axe fixe sert à la fois de butée en ouverture et en fermeture sur la plupart des couteaux à Liner Lock, dans les modèles à Crossbar Lock c'est habituellement l'axe de verrouillage mobile qui reçoit la lame en fermeture du fait de sa position naturellement en retrait et donc de son contact anticipé avec le talon de la lame.
Mais dans le cas du Slasher, ses concepteurs ont pris le parti délibéré d'ajouter un axe supplémentaire, placé encore plus en retrait que l'axe mobile du mécanisme de verrouillage, pour servir de butée de fermeture.
Le résultat de cette architecture originale, c'est justement ce fameux méplat situé à la base de la lame, et responsable d'une entablure qui semble se prolonger plus que nécessaire en dehors du manche... Pas glop.
La présence de cet axe surnuméraire peut s'expliquer de multiples façons, allant de la simple économie de réalisation (un axe de butée fixe est [plus facile/moins cher] à ajuster) à la contrainte purement mécanique (on peut imaginer, vu la façon dont le Crossbar s'emboîte dans le talon de la lame en position fermée, qu'un contact sur trois plans aurait aboutit à des blocages)... Mais dans l'idéal, j'aurais préféré qu'on évite de bouffer presque 1cm de tranchant pour une bête histoire de butée.
Enfin bon... Je dis ça, c'est uniquement pour montrer que j'ai bien fait attention à tous les détails avant de pondre mon article hein! Parce que dans la pratique, ce verrouillage est quand même super chouette.
D'une corpulence parfaitement médiane avec ses 100g tout ronds, le Slasher fait partie de ces couteaux de poche que l'on porte sur soi sans y penser, mais qui savent à l'occasion se rappeler au bon souvenir de leur propriétaire. Les contours doux et avenants de son dos ne posent pas le moindre problème lorsque l'on a besoin de glisser la main au fond de la poche sur le rebord de laquelle il est fixé (côté couture, cela va sans dire).
Pour l'y maintenir, le Slasher est doté d'un clip profond, pointe en haut et exclusivement droitier. Si ces deux premières caractéristiques sont tout à fait en accord avec mes attentes, le fait qu'il soit impossible de fixer ce clip de l'autre côté du manche me semble en revanche d'autant plus incohérent que le couteau est par ailleurs parfaitement ambidextre. Je veux dire: le plus dur était fait! Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout des choses et prévoir deux trous filetés de plus pour les gauchers?
C'est quand même moche qu'un objet fondamentalement ambidextre se trouve subitement latéralisé par l'ajout d'un accessoire mal pensé. Exactement comme ces ciseaux dont le manche profilé ne permet de les utiliser que d'une main: à quoi pensait le génie qui a pondu ce concept?
Bref, si l'on fait abstraction de ce détail, le clip est profond disais-je. Mais, comme nous l'avons vu dans le chapitre dédié au manche, l'utilisation de vis à tête bombée pour en fixer la base impose à ce clip une hauteur exagérée qui à son tour compromet le confort de l'utilisateur.
C'est sûr qu'avec des têtes de vis fraisées encastrée dans le manche, ce clip perdrait quelques bons millimètres d'altitude.
Enfin, nous en avons déjà parlé, l'extrémité de ce clip forme une pointe indésirable qui est non seulement incommodante pour les mains de l'utilisateur, mais présente également un réel risque de détérioration pour tout ce qui passe à portée de la poche une fois le couteau rangé.
Le conseil du jour: évitez de passer trop près des portières de voitures dans le parking du supermarché...
En résumé, si j'apprécie la discrétion de ce clip qui fait littéralement disparaître le couteau dans la poche, je suis forcé d'admettre que cette languette de métal n'en constitue pas moins le point faible du Slasher. Autant pour l'excédent de place qu'elle occupe (et l'inconfort qui en découle) que pour la place qu'elle n'occupe pas (i.e. le côté réservé aux gauchers). Rien qui ne soit éliminatoire au regard des autres qualités de ce couteau, mais une indéniable opportunité d'amélioration pour les éventuelles mises à jour...
Du point de vue de l'acceptabilité sociale, il n'y a que le nom du "Slasher" qui semble réellement agressif. Ses contours plutôt sages et sa lame au profil purement utilitaire ne sont pas de nature à provoquer les plus vives réactions chez l'observateur lambda (chez l'observateur zumba non plus d'ailleurs). Régulièrement à mes côtés depuis que j'en ai fait l'acquisition en septembre 2022, il ne m'a jamais valu de remarque désobligeante ni de regard réprobateur.
C'est donc un agréable compagnon.
Comme un grand nombre de productions chinoises, le prix du Slasher gravite autour des 70€, plus ou moins quelques piécettes en fonction du revendeur et du moment.
Sur ce créneau tarifaire, on retrouve principalement des lames en acier D2 verrouillée par un Liner Lock et des plaquettes en G10 ou en micarta, comme c'est par exemple le cas pour le CIVIVI Elementum dans sa version la plus basique (60€). Il faudra généralement, à partir de cette base, prévoir quelques euros supplémentaires pour profiter d'un mécanisme de verrouillage plus complexe (Crossbar Lock, Button Lock...) ou de matériaux plus exotiques.
Du point de vue de cette concurrence déjà hyper-compétitive, Bestech se situe donc plutôt sur la tranche tarifaire basse, ou sur la tranche technologique haute, en fonction de l'angle selon lequel on étudie la question.
Dans ce contexte pour le moins tendu, la qualité de réalisation est pourtant indéniable: le mécanisme est fluide, la lame parfaitement centrée, aucun jeu disgracieux ne vient gâcher le plaisir de l'utilisateur. Du côté des finitions, il n'y a également rien à redire: les pièces sont ajustées à la perfection, les surfaces travaillées avec soin et aucune transition maladroite ou arête douloureuse n'est à déplorer.
Il n'y a en définitive que le clip de poche qui souffre d'avoir été mal conçu, mais qui pour autant n'a pas été bâclé lors de sa réalisation.
En un mot comme en mille, Bestech donne avec son Slasher une leçon magistrale de production industrielle parfaitement maîtrisée, combinant un tarif vraiment abordable avec une somme de qualités inattendues. Une leçon qui, on l'espère, donnera des idées à la concurrence internationale.
Tu t'en doutes, je n'ai pas marqué cet article du tag "pépite" pour faire plaisir aux moteurs de recherche.
Malgré quelques défauts (quel couteau n'en a pas?), il constitue un incontournable pour tout amateur de lames en pied de mouton et de Crossbar Lock. D'autant plus incontournable qu'il est à ma connaissance la seule modèle sur le marché à combiner ces deux caractéristiques (si on fait abstraction du Benchmade [Mini-]Griptilian dont le profil de lame reste à mon avis sujet à débat).
Alors oui son clip de poche n'est vraiment pas terrible et il y a un vide à la base de sa lame... Mais bon sang pour à peine 60€, c'est exceptionnel de tomber sur un couteau de ce calibre!
Je comprends parfaitement qu'il ne plaise pas à tous: la forme de sa lame est évidemment trop atypique pour en faire un best-seller universel. Mais en ce qui me concerne personnellement moi-même, je le place sans hésitation aux côtés de modèles bien plus populaires tels que son compatriote l'Elementum ou encore l'américain Cryo: des couteaux capables de mettre une coutellerie de qualité à la portée des bourses les plus modestes (ou les plus timides).
Alors évidemment, le Slasher n'est pas en mesure d'inquiéter les stars du créneau "haut de gamme" mêlant titane, fibre de carbone et aciers de geek (quoique...), mais cela ne l'empêche pas de mériter sa place dans la poche de n'importe quel amateur éclairé ou néophyte curieux.