13 Février 2022
"Oh wow, deux articles en à peine quelques jours! Mais il n'a rien d'autre à faire l'auteur ou quoi?"
Si tu savais... En exil pour quelques jours et sans la moindre nouvelle des différentes commandes (tth, outils...) relatives à mes projets créatifs, je ne peux même pas me consacrer à la réalisation de nouveaux prototypes ou à la réflexion autour des étuis dont il faudra les habiller faute d'avoir le matériel nécessaire sous la main. Mais comme j'ai eu la prévoyance d'emmener avec moi une paire de coutals, j'avais a minima de quoi écrire une paire d'articles. Et voici le deuxième.
Aujourd'hui, direction les États-Unis, et même l'Oregon pour être précis, un état réputé entre autres pour héberger plusieurs acteurs majeurs de la coutellerie US tels que Benchmade, CRKT, Gerber et Leatherman, pour ne citer que les plus connus. L'importante convergence d'entreprises consacrées à la coutellerie dans cette région draine à son tour de nombreux fournisseurs spécialisés et travailleurs qualifiés, qui tendent à en faire un terrain extrêmement favorable pour les entrepreneurs. Ce n'est donc pas un hasard si un géant nippon comme Kai Cutlery a jeté son dévolu sur Tualatin, dans la banlieue de Portland, pour y implanter le siège social de sa filliale américaine.
Mais si Kershaw n'est que l'un des quatre noms qui se partagent la façade des entrepôts du 18600 SW Teton Avenue, aux côtés de Zero Tolerance (à qui nous avons déjà rendu visite dans le passé), Shun Cultery et Kai Houseware (toutes deux spécialisées dans la coutellerie de cuisine); la marque a commencé son histoire de façon indépendante lorsque Pete Kershaw quitta "Gerber Legendary Blades" en 1974 pour fonder sa propre entreprise.
Ce n'est qu'en 1977 que l'entreprise qui, ironiquement, sous-traitait la réalisation de ses couteaux au Japon, se vit racheter par le groupe Kai. Or, à la suite de ce rachat, une première usine de production fut immédiatement implantée à Wilsonville, Oregon de sorte à mettre à disposition du marché américain (assez chauvin, il faut l'avouer) des modèles réalisés sur place. Il faudra ensuite attendre 2003 pour que la production déménage dans ses locaux actuels.
Si la marque haut de gamme Zero Tolerance n'est créée qu'en 2006 pour élargir l'offre du constructeur, Kershaw constitue bel et bien le socle sur lequel s'est construit le succès de Kai U.S.A, grâce à des volumes de vente conséquents et de nombreuses récompenses. Le groupe est en effet le premier à obtenir quatre prix majeurs au Blade Show d'Atlanta a cours d'une même année, puisqu'en 2005 il rafle le "Overall Knife of the Year", le "Most Innovative American Design", le "Knife Collaboration of the Year" et le "Kitchen Knife of the Year". Et si le quatrième est obtenu par l'intermédiaire de sa marque Shun Cutlery, il doit les trois premiers à un modèle issu de la collaboration entre Kershaw et le coutelier Ken Onion: le "1597 Offset".
Une ouverture semi-assistée innovante à l'époque, un mécanisme de verrouillage inédit et un design sans concession... On peut comprendre l'engouement autour de ce modèle.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisque les modèles de Kershaw remportent de nouveaux prix en 2007 (Overall Knife of the Year) avec le Tryade, en 2009 (American Made Knife of the Year) avec le Speedform et en 2010 (American Made Knife of the Year) avec le Tilt; avant de passer la main dès 2011 au petit frère Zero Tolerance (Overall Knife of the Year avec le 0777 et Collaboration of the Year avec le 0560/0562).
En 2012, le groupe réitérera même son exploit de 2005 en remportant à nouveau quatre prix majeurs répartis entre ses différentes marques, dont le "Best Buy of the Year" avec le Kershaw Cryo.
Et si la marque Kershaw occupe le devant de la scène internationale depuis 48 ans, elle ne semble pas pour autant prêts à s'essouffler puisqu'en 2022, sa politique commerciale décide de passer la seconde en annonçant pas moins de deux collections par an, de quoi donner du grain à moudre à ses designers...
Si Kershaw est reconnu pour proposer des modèles plutôt originaux et des designs pour tous les goûts, la marque n'a en revanche pas la réputation d'utiliser les matériaux les plus nobles du moment, ni d'être particulièrement à cheval sur le contrôle qualité de certains de ses modèles. Réduction des coûts obligent, la quasi-intégralité des lames de son catalogue est réalisée dans un 8Cr13MoV pas vraiment enclin à susciter l'excitation chez les geeks de l'acier, et de nombreux retours d'utilisateurs font état d'alignement imparfaits, de mécanismes moyennement ajustés. J'ai d'ailleurs moi-même en ma possession deux modèles de cet acabit, avec lesquels j'ai du pas mal bricoler avant de réussir à en obtenir un agrément d'usage acceptable.
Mais il est un fait que l'on peut également tomber sur de véritables pépites, comme c'est le cas du Cryo, et comme c'est le cas du modèle du jour: le Dividend Composite.
Apparu en 2017, le "Dividend" est un design de l'équipe interne Kershaw qui semble cherche un compromis entre les dimensions généreuses du "Leek" et la finesse du "Link" dessiné par Ken Onion, deux gros succès commerciaux de la marque réalisés sur le sol américain.
Hélas pour les amateurs de matières premium, Kershaw fait le choix difficilement compréhensible d'un acier 420HC en lieu et place de son traditionnel 8Cr13MoV, et l'associe à des plaquettes en G10 pas vraiment sexy. Mais proposé à 35$, le couteau trouve néanmoins un public et décroche même au Blade Show d'Atlanta le prix "Best Budget" l'année de sa sortie.
Mais en l'état, il n'y avait pas de quoi exciter le snob que je suis.
Il faudra attendre 2020 pour que le Dividend bénéficie d'une importante mise à jour, gagnant au passage le suffixe "Composite" ainsi que tout mon intérêt. Car si son nouveau prix ne lui permet plus de concourir dans la catégorie des "budget knives" (couteaux économiques), ses autres caractéristiques combinées en font une pièce tout à fait désirable.
Avec son profil atypique et sa finesse inattendue, cette lame se démarquerait de la concurrence même si elle n'était pas faite comme un malabar bi-goût.
Longueur | 82mm |
Longueur de coupe | 79mm |
Hauteur | 24.5mm |
Épaisseur | 2.3mm |
Épaisseur derrière le fil | 0.5mm |
Angle d'émouture primaire | 2.71° |
Type d'émouture primaire | Plate |
Matériau | CPM D2 / N690 |
Dureté* | 61 / 59 HRC |
(* données constructeur)
Difficile de classer ce profil dans une catégorie précise: à mi-chemin entre le wharncliffe (version pointue du pied de mouton) et le drop-point, elle associe une pointe située très légèrement sous l'axe du manche et un fil légèrement arrondi. Une chose est certaine, cette géométrie lui procure une grande polyvalence. Malgré son flipper proéminent, une bonne partie du fil est accessible lors des coupes sur plan, la longueur de tranchant exploitable est confortable, et sa pointe aussi basse qu'aigüe s'accommode des coupes "cutter" avec facilité et précision.
A ce profil efficace vient s'ajouter une finesse remarquable et un angle d'émouture particulièrement fin qui lui permettent de traverser la matière sans effort. On peut légitimement se méfier de la solidité de cette lame, et il ne serait pas très malin de vouloir s'en servir comme levier pour dégonder une porte blindée, mais dans le contexte d'utilisation très "mondain" pour lequel le couteau a été conçu, sa robustesse est largement suffisante.
Mais ce qui attire évidemment le regard en premier lorsque l'on pose les yeux sur cette lame, c'est sa construction composite mêlant deux aciers différents, assemblés par brasage en suivant un motif dont les contours ne sont limités que par l'inspiration des designers. Un procédé inauguré en 2007 sur le modèle "Tryade" lauréat du prix "Overall Knife of the Year" cette même année.
Pour cette déclinaison du Dividend, le duo choisi par Kershaw est composé pour le tranchant du qualitatif CPM D2 issu (comme son nom l'indique) de la métallurgie des poudres, et pour le dos de la valeur sûre N690. Le motif adopté est une découpe en dents de scie.
A en croire le site web de Kershaw, ce choix aurait été guidé par "l'exceptionnelle dureté et résistance à la corrosion du N690 pour le dos de la lame, tandis que la résistance à l'abrasion et la résilience du CPM D2 forment un fil durable". Cet argument est néanmoins discutable à plusieurs égards: d'une part le fait que rendre inoxydable une moitié seulement de la lame n'est objectivement pas d'un grand intérêt, surtout lorsque ce n'est pas celle sur laquelle se trouve le tranchant; et d'autre part parce que la dureté n'est généralement pas la qualité recherchée sur le dos d'un couteau dans la mesure où, à choisir, on lui préférera logiquement la résilience.
Les plus pointilleux pourront également faire remarquer que le CPM D2 est à la fois aussi dur et plus résilient que le N690, ce qui le rend -a priori- tout aussi adapté, si ce n'est plus, pour constituer également le dos de la lame.
La vraie raison de ce choix serait donc a priori purement cosmétique, d'après David C. Andersen de Knife Center qui en parle en des termes laissant sous-entendre que l'info lui viendrait directement du fabricant (source): "A l'origine, le N690 n'était pas prévu sur le dos de la lame, mais en faisant divers essais et en voyant le résultat à la sortie du traitement thermique, ils ont trouvé le jeu de couleurs et de textures tellement cool qu'ils l'ont gardé".
Que cette anecdote soit vraie ou non, on ne peut nier un charme certain à cette association, et on ne se lasse pas de contempler la transition entre les deux alliages que souligne le trait de métal cuivré qui leur sert de liant.
Esthétiquement en tout cas, la réussite est à mon sens indéniable et le motif en dents de scie choisi par les designers n'est pas sans évoquer les peintures de guerre pratiquées sur les avions de chasse lors de la seconde guerre mondiale.
Une évocation renforcée par la couleur vert olive très militaire du manche et le drapeau américain peint sur ce dernier.
En parlant de marquage, justement, si le côté droit fait dans la sobriété avec pour tout artifice le logo réservé aux lames composites...
...le côté gauche, lui, est beaucoup plus chargé avec -de haut en bas-: la référence du modèle, le nom du constructeur, la nuance d'acier utilisée pour le tranchant et le logo indiquant un design de l'équipe interne.
En plus de créer une lourdeur visuelle parfaitement dispensable, ce déballage de mentions légales a par ailleurs suscité chez moi une interrogation: Tant qu'à faire, pourquoi ne pas avoir mentionné AUSSI la nuance d'acier utilisée pour le dos de la lame? Après tout, il me semble qu'on était plus à ça près.
Dans la lignée d'une lame très étroite, le manche affiche -lui aussi- des dimensions très "slim" qui en font un compagnon agréable dans la poche, un peu moins dans la main.
Longueur | 110mm |
Hauteur | 28mm |
Épaisseur | 9.5mm |
Platines | Acier inox |
Plaquettes | Aluminium |
Entretoise | FRN (Fiber Reinforced Nylon) |
Avec moins d'un centimètre d'épaisseur (hors clip de poche), le manche du Dividend en fait un couteau très discret en poche nonobstant sa longueur respectable. Mais cette finesse extrême rend aussi l'outil moins agréable à tenir en main.
Très délicat à serrer dans le creux de la paume, où il a tendance à pivoter et faire tourner son fil vers l'intérieur, le Dividend s'accommode beaucoup plus volontiers d'une prise "entre les phalanges" tout à fait en phase avec ses usages de prédilection. Dans cette position, sa bonne longueur (mitigée toutefois par un garde plutôt en recul) lui permet tout juste d'héberger quatre doigts tandis que la bosse présente sur son dos offre un appui bienvenu pour le pouce.
Si mon auriculaire est un peu en bout de piste, il n'en repose pas moins complètement sur le pommeau.
On regrettera en revanche les angles vifs formés par des plaquettes trop minces pour présenter le moindre chanfrein ou arrondi et qui, lorsque la coupe exige un peu plus de pression qu'à l'accoutumée (ex: un saucisson bien sec) peuvent à la longue se révéler inconfortables.
En outre son clip de poche, fixé à la surface des plaquettes et auquel une visserie proéminente impose un dégagement important (pour permette au tissu de glisser jusqu'au fond de son pli) a pour conséquence de quasiment doubler l'épaisseur du manche sur la moitié de la longueur de ce dernier, pour un résultat ergonomiquement pas fameux.
Dans un contexte d'utilisation alimentaire ou de travail contre plan, il offre cependant un bon agrément d'utilisation à condition d'adopter la position "couteau de table" dans laquelle l'index vient prendre appui sur le dessus de la lame pour gagner en précision.
L'aluminium dépoli offre une adhérence suffisance pour les usages que l'on réserve à un outil de cet acabit, tout en contribuant à créer un manche à la fois léger, robuste et durable.
Voilà pour les aspects pratiques. D'un point de vue esthétique maintenant, nul n'est forcé d'être sensible au charme "militaire" de la teinte vert olive, mais on ne peut nier qu'elle est plutôt en phase avec le motif réalisé sur la lame. De même que la silhouette générale du manche, formée de lignes brisées qui ne sont pas sans évoquer certains véhicules blindés, colle assez bien avec le thème "World War II".
Sans être particulièrement friand de cette thématique, je la supporte sans trop de difficulté compte tenu de l'homogénéité de sa réalisation et de son côté davantage régressif que délibérément "tactique". Le drapeau américain placé là pour indiquer à l'acheteur qu'il consomme du "made in the U.S.A." complète d'ailleurs à merveille ce tableau patriotique.
Si l'association d'un flipper et d'un Liner Lock ne surprendra personne, c'est le mécanisme d'ouverture semi-assisté que l'on retrouve sur de nombreux modèles de la marque qui fait son originalité. Baptisé "Speedsafe", il consiste en un ressort que l'on recharge lors de la fermeture de la lame et qui, une fois celle-ci suffisamment entrouverte, propulse la lame vers sa position d'ouverture.
Davantage qu'un luxe, l'action du ressort se révèle dans le cas de mon exemplaire plutôt une nécessité. En effet, d'importants frottements probablement imputables à la combinaison de simples rondelles en bronze phosphoreux, d'un serrage de la charnière excessif et d'un liner plutôt enthousiaste, font que le mouvement d'ouverture n'est pas à proprement parler "fluide". Or la faible inertie de la lame, rendue légère par sa grande finesse, ne suffirait manifestement pas à entraîner celle-ci jusqu'à sa position de verrouillage par la simple action du flipper.
Autant ce mécanisme, lorsqu'il assiste la charnière d'un Kershaw Cryo, lui procure une vivacité et un agrément d'usage susceptible de rivaliser avec la qualité de réalisation des modèles du grand frère Zero Tolerance (pour un budget beaucoup moins conséquent); autant dans le cas du Dividend -tout du moins celui que j'ai entre les mains à l'heure où j'écris ces lignes- on ressent clairement que l'ouverture est poussive et qu'en l'absence de cette aide, elle ne se ferait pas sans quelques problèmes.
Mais comme les chose sont bien faites, le Dividend est assisté et l'ouverture s'accomplit tant bien que mal de bout en bout avec un taux de réussite avoisinant donc les 100%. Une fois en place, le Liner Lock remplit son office sans faillir. Et même si la faible épaisseur de métal engagée sous la lame n'inspire que moyennement confiance, le verrouillage ne m'a jamais fait défaut.
Et pour en finir avec ce tour d'horizon, il est juste de relever que l'extrême étroitesse du manche ne facilite pas non plus l'accès au ressort en vue de déverrouiller le couteau. La platine située du côté droit est pourtant bel et bien échancrée à cette fin, mais de façon trop timide à mon goût. C'est donc en forçant la pulpe du pouce au fond de la gouttière que l'on arrive à ses fins, ce qui rend la manœuvre relativement déplaisante et n'encourage pas à une utilisation ludique.
Comme cela a déjà été dit, le format du Dividend le rend particulièrement favorable au transport sur la couture de la poche où son épaisseur dérisoire lui permet de se faire oublier malgré une longueur significative. Doté d'une hauteur contenue et d'un flipper raisonnablement proéminent, il ne barre pas non plus l'accès au fond de la poche.
En outre, toutes les fantaisies sont permises puisque le clip de poche est réglable 4 positions: droitier, gaucher, pointe en haut, pointe en bas en plus d'être "plus profond que profond" puisque son pli dépasse carrément du pommeau, ce qui permet au couteau de disparaître complètement derrière la couture de la poche.
Seul bémol toutefois, et le sujet a d'ailleurs déjà abordé dans un précédent chapitre: l'implantation de ce clip, en surépaisseur des plaquettes, tout comme le dégagement important rendu nécessaire par l'adoption d'une visserie proéminente, font qu'il dépasse de la surface du manche de façon excessive et compromet le confort de ce dernier. Rien de dramatique certes, mais une opportunité évidente d'amélioration.
D'un point de vue de l'acceptabilité sociale, c'est quitte ou double: alors que la curiosité sera la plus forte chez certains observateurs qui ne manqueront pas de multiplier les questions face à sa lame composite et son design original; sa pointe acérée, ses couleurs militaires et son mécanisme assisté seront en revanche de nature à susciter la crainte chez les moldus les plus méfiants. Il serait donc aviser de s'assurer des bonnes dispositions de ses interlocuteurs avant de déplier ce couteau en public.
Il est certain qu'avec sa construction bi-goût originale, la version "Composite" du Dividend s'éloigne irrémédiablement des 35$ (50€ une fois la frontières franchie) du modèle d'origine. C'est en effet aux alentours de 130€ hors promotions que le public français peut se procurer cette pièce.
N'ayant pas la moindre idée des coûts de productions associés à la réalisation d'une lame composite, je ne peux que spéculer sur la part de cette technologie dans le prix final du couteau. Néanmoins, au regard d'un agrément d'usage en retrait malgré la présence d'une assistance à l'ouverture, ainsi que du niveau de finition correct mais pas foufou non plus de mon exemplaire, je trouve l'addition un peu salée.
Le fait est que je ne me serais sans doute pas jeté sur ce modèle avec autant d'avidité si je ne l'avais pas trouvé en promotion, et cela malgré sa réalisation atypique et le fait que j'ai rétrospectivement du plaisir à utiliser au quotidien cette lame à la fois fine et polyvalente. Mais au regard de l'action sans faille d'un Cryo (pourtant fabriqué en chine, lui, et disponible pour moins de 40€), on se demande comment Kershaw est capable d'un tel grand écart sur des architectures pourtant similaires: rondelles et speedsafe.
En définitive, ce n'est pas forcément un couteau que je recommanderais à un ami non-amateur, surtout à son plein tarif. Quitte à le conseiller, j'orienterais ce dernier vers un modèle à la finesse comparable, mais au tarif moins prohibitif. Le Dividend Composite se destine à mon avis davantage à des amateurs de matériaux originaux (à défaut d'être premium) qui n'ont pas toujours les moyens ni l'envie de viser la coutellerie haut de gamme. Une catégorie que l'on pourrait désigner par le néologisme "Cheap Geek" que je viens tout juste d'inventer.
A bien des égards, le Dividend Composite est un couteau très sympathique: la géométrie et les matériaux de sa lame constituent indéniablement la majeur partie de son charme et ce modèle brille une fois déplié, même si son manche pêche un tout petit peu du côté de l'ergonomie.
On ne peut toutefois s'empêcher de regretter l'action imparfaite de son mécanisme d'ouverture et son tarif inhabituellement élevé pour une marque qui se place historiquement sur le créneau des couteaux abordables, bien que l'on constate une nette tendance à la hausse ces dernières années.
Or cette tendance, si elle se confirme, place Kershaw dans une situation ambigüe, le cul entre deux chaises et en concurrence avec sa consœur Zero Tolerance, tandis que les marques asiatiques continuent de casser les prix du marché américain avec une production toujours aussi qualitative. Difficile donc de prédire l'avenir de cette marque dans un contexte aussi tendu.
Pour le savoir, il ne nous reste donc qu'à suivre le feuilleton Kershaw d'un œil, tandis que nous continuons notre voyage autour du monde, à la découverte d'autres marques et d'autres créateurs, revenant de temps à autres à la maison pour constater le progrès des modestes projets créatifs de ton bloggeur préféré (n'ayons pas peur des mots!).
Et c'est sur cette invitation à continuer le voyage en ma compagnie que je te souhaite une bonne journée et te dis à la prochaine.