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Escapades coutelières

Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs

Spyderco "Para 3 Lightweight SPY27": le plus Spyderco des Spyderco

Spyderco "Para 3 Lightweight SPY27": le plus Spyderco des Spyderco
Introduction

Cher lecteur, bonjour.

Bonjour, bonne année et merci. Merci de continuer ce voyage en ma compagnie en 2022. Sans toi, ces escapades solitaires seraient bien tristes, il faut l'avouer.

Aujourd'hui, nous nous dirigeons vers le Colorado, où se trouve le siège de l'une des marques de couteaux les plus célèbre au monde: Spyderco. Immédiatement reconnaissables, les couteaux sortis de l'usine de l'entreprise américaine ou de celle de leurs sous-traitants asiatiques se retrouvent dans tous les pays du monde et leur succès est incontestable. Pourtant, rien ne laissait présager une telle ascension lorsque l'entreprise a été fondée il y a de cela à peine 45 ans.

C'est en effet en 1976 que Sal Glesser dépose la marque "Spyderco", pour vendre sa toute première invention: le "portable hand", une sorte de troisième main métallique qui se fixe au rebord d'une table et permet, grâce à ses multiples pinces, de maintenir les petits objets qu'est susceptible de manipuler un orfèvre ou un électronicien.

Document d'époque.

Document d'époque.

Il semblerait, d'après monsieur Glesser lui-même, que le nom "Spyderco" soit en l'occurrence autant dû au fait que son invention ait l'apparence d'une araignée ("spider" en anglais), qu'à la présence du terme "spyder" dans le nom de nombreuses voitures de sport de l'époque. L'entrepreneur souhaitait en effet évoquer avec sa marque l'idée de produits de haute performance.

A ses débuts, les actifs de l'entreprise se résument à une camionnette de boulangerie aménagée à l'aide de laquelle Sal et sa femme Gail écument les salons et conventions pour faire connaître et vendre leur produit. Ce n'est qu'en 1978 que le couple s'installe finalement à Golden dans le Colorado, où se trouve aujourd'hui encore le siège social de l'entreprise et son atelier historique.

Rapidement, Spyderco diversifie son offre avec dans un premier temps un système d'affûtage toujours disponible sur le marché (dans une version améliorée, cela va sans dire), le "Tri-Angle Sharpmaker", avant de produire en 1981 son tout premier couteau pliant dénommé "C01 Worker".

Et si vous trouvez qu'il a l'air atypique, vous n'imaginez même pas l'effet qu'il a fait lors de sa sortie il y a 40 ans de ça.

Et si vous trouvez qu'il a l'air atypique, vous n'imaginez même pas l'effet qu'il a fait lors de sa sortie il y a 40 ans de ça.

Avec ce modèle, conçu sur la base des retours d'expérience que Sal et Gail ont accumulé lors des salons et au contacts des utilisateurs, le créateur propose pas moins de trois innovations inédites sur le marché: l'orifice d'ouverture à une main, le clip de poche, et l'option d'avoir une lame crantée sur un couteau de poche (option jusque là réservée exclusivement aux couteaux de cuisine).

Si le clip de poche est depuis devenu un standard chez la quasi-intégralité des fabricants, l'orifice d'ouverture de Spyderco a souvent été imité mais jamais égalé par ses concurrents et constitue, aujourd'hui encore, l'un des éléments caractéristiques de presque tous les couteaux de cette marque. Quand au crantage... je me contenterai de dire que je me serait personnellement bien passé de cette "innovation".

Au cours des quatre dernières décennies, Sal Glesser a de nombreuses fois été consacré comme l'un des grands noms de la coutellerie et sa marque est à l'origine d'innombrables innovations aussi bien ergonomiques qu'au niveau des mécanismes de verrouillage ou encore des matériaux utilisés. En ce début de troisième millénaire, Spyderco est encore l'un des acteurs majeurs qui font et défont les tendances et un nom que tout collectionneur qui se respecte se doit d'avoir dans sa collection.

Il m'était donc, évidemment, impossible de faire l'impasse sur cette marque. Et quel meilleur choix pour compléter ma collection que le modèle dont on pourrait argumenter qu'il est "le plus Spyderco des Spyderco"?

Présentation générale

Le "Para 3 Lightweight" est le descendant d'une longue lignée de modèles à succès. Dans une logique d'amélioration continue, le fondateur de la marque tout somme son fils et successeur Eric Glesser ont en effet pour habitude de chercher continuellement à optimiser leurs modèles selon un processus itératif basé sur le retour d'expérience de leurs utilisateurs.

L'histoire du P3LW commence donc en 1996 avec la création par Sal du modèle "Military". Destiné en premier lieu aux corps armés, ce grand couteau pliant rencontre également un certain succès auprès du public civil grâce à ses nombreuses qualités, à commencer par une ergonomie remarquable et une géométrie de lame bien pensée.

Le Spyderco Military, un gros couteau pour les gros bonshommes et leurs poches de treillis.

Le Spyderco Military, un gros couteau pour les gros bonshommes et leurs poches de treillis.

Dans ce modèle, on retrouve les lignes caractéristiques de bon nombre de couteaux de la marque. Une silhouette qui n'est clairement pas du goût de tous mais qui a fait ses preuves sur le terrain. On attribue d'ailleurs à Sal Glesser la citation suivante: "Je fais des couteaux pour les mains, pas pour les yeux". Il faut comprendre par là que pour ce créateur, l'esthétisme d'un couteau ne peut être que la conséquence heureuse d'une ergonomie parfaitement pensée, et non une contrainte susceptible d'entraver cette dernière.

En 2004, pour répondre aux attentes de sa clientèle, Spyderco lance sur le marché son "Paramilitary", une version miniaturisée aux 2/3 du modèle "Military" et par conséquent mieux adaptée à un usage civil.

A côté de son ainé, le Paramilitary peut passer pour un modèle réduit... Mais il reste un couteau de taille très conséquente.

A côté de son ainé, le Paramilitary peut passer pour un modèle réduit... Mais il reste un couteau de taille très conséquente.

Le succès est immédiat et ce modèle se place en tête des ventes en même temps qu'il moissonne les critiques positives. en plus d'une lame aux dimensions réduites, le "PM" propose de nombreuses autres modifications comme par exemple un mécanisme de verrouillage exclusif à Spyderco, à la fois robuste, simple et facile d'utilisation: le Compression Lock.

En 2010, Spyderco lance une version revue et corrigée par le duo père-fils "Sal & Eric" de son best-seller: le Paramilitary 2. Une lame très légèrement rallongée et un poil plus épaisse qui lui procure un meilleur équilibre visuel, un coin de talon qui ne dépasse plus du manche lorsque le couteau est fermé, un clip ambidextre et réversible pointe en haut/pointe en bas ainsi que quelques autres détails aussi subtils qu'importants: pour de nombreux amateurs, le "PM2" constitue une référence absolue dans la catégorie des "grands" couteaux pliants, un aboutissement proche de la perfection. Malgré une décennie de présence sur le marché, il est aujourd'hui encore régulièrement cité en tête des classements des meilleurs couteaux de série que l'on puisse se procurer, c'est dire s'il a marqué son époque.

Modèle après modèle, les améliorations s'accumulent et on s'approche de la perfection.

Modèle après modèle, les améliorations s'accumulent et on s'approche de la perfection.

Le PM2 est évidemment toujours au catalogue de Spyderco en 2021 et continue de faire un carton. D'innombrables éditions limitées à base d'aciers exotiques ont vu le jour et ne manquent pas de faire régulièrement passer les amateurs de ce modèle à la caisse.

Le coutelier américain aurait d'ailleurs pu en rester là, étant donné son offre par ailleurs fournie du côté des couteaux de taille moyenne à usage quotidien, mais le succès du PM2 était tel sur son créneau et le marché des "EDC" si florissant que l'occasion de tenter de concilier ces deux mondes était trop belle.

C'est donc en 2016 que Spyderco dévoile son "Para 3" au grand public. Co-dessiné par Eric et Sal, il s'agit d'une interprétation version "EDC" (couteau d'usage quotidien) des lignes du "Paramilitary 2". Le couteau y perd une longueur significative en même temps que son suffixe "military", mais bénéficie en contrepartie d'un format qui lui permet de se faire héberger dans n'importe quelle poche et ainsi de conquérir un tout nouveau public.

Et voici le tout premier modèle véritablement "de poche" de la famille, avec ses 11cm replié.

Et voici le tout premier modèle véritablement "de poche" de la famille, avec ses 11cm replié.

Le succès de ce modèle, épaulé par la réputation de ses prédécesseurs, est à la hauteur des attentes de ses créateurs. Le Para 3 se vend comme des petits pains et les critiques positives s'accumulent aussi vite que les éditions limitées dans les aciers les plus tendances du moment (CPM S45VN, REX45 et Maxamet en tête), et cela en dépit de l'insistance de certains "critiques" à vouloir le considérer comme le remplaçant du PM2 et non comme un modèle complémentaire, et à pousser la confusion jusqu'à l'appeler "Paramilitary 3'.

A ce stade, ce modèle commençait sérieusement à multiplier les arguments pour se faire une place dans ma collection. Ses dimensions en adéquation avec mes usages, son ergonomie remarquable et son mécanisme de verrouillage original en faisaient un candidat idéal au titre de "premier Spyderco de ma collection", mais il subsistait quelques défauts sur lesquels je ne pouvais passer outre, l'apparence ignoble de son clip de poche particulièrement saillant n'étant pas des moindres (un comble, venant de l'entreprise à qui revient la paternité du concept).

Ce dernier détail sera néanmoins réglé avec l'arrivée sur le marché en 2019 du "Para 3 Lightweight", une version allégée du modèle original qui pousse le concept du couteau "portable" encore plus loin: son manche presque entièrement dénué de platines accuse un poids ridiculement faible et gagne, grâce à sa conception moulée, des formes arrondies et une texture bidirectionnelle bénéfiques autant à son ergonomie qu'à son adhérence. Le clip de poche en spatule, quand à lui, est ENFIN remplacé par un clip "en trombone" à la fois plus léger, plus esthétique et agréablement profond. On y perd la possibilité de le positionner "pointe en bas" mais peu d'amateurs iront argumenter qu'il s'agit là d'un problème.

On s'approche du candidat idéal...

On s'approche du candidat idéal...

Élu "meilleure nouveauté 2019" par les lecteurs du magasine "Knife news" et récompensé par le "Most Innovative American Design Award" au blade show la même année, le succès du Para3 LW ne démentira pas la tendance imposée par ses prédécesseurs.

Le titre de "premier Spyderco de ma collection" sera toutefois raflé in extremis par un tout autre modèle à l'esthétique beaucoup moins clivante: le Spydiechef. Ce couteau à framelock et manche en titane doté d'une silhouette presque conventionnelle est en effet le premier modèle de la marque dont j'ai fait l'acquisition tardive. Un peu à la manière dont on trempe l'orteil dans le bain avant d'y plonger complètement, ce modèle imaginé par un designer polonais et réalisé en Asie m'a servi de passerelle, de compromis acceptable, pour me frotter aux réalisations de la marque sans pour autant renoncer complètement à mes valeurs esthétiques.

"Parce que franchement, ces lames à dos bossu, ça va faire tâche dans ma vitrine!"

Puis, convaincu de facto par la qualité des productions de l'araignée, j'étais finalement prêt à jeter mon dévolu sur une édition spéciale du "Para 3 Lightweight" sortie en 2020, et grâce à laquelle je pouvais -enfin- goûter à la véritable saveur d'un Spyderco réalisé dans la maison mère à Golden, Colorado, et réunissant dans un seul modèle tous les gènes qui font l'identité unique des produits de cette entreprise.

Pourquoi cette version plus qu'une autre? Parce qu'en plus de réunir un nombre record de caractéristiques exclusives à Spyderco, elle est réalisée dans le tout premier acier développé spécifiquement et exclusivement pour une marque de couteaux: le CPM SPY27.

La lame

Pas besoin d'être un fin connaisseur pour deviner d'où vient ce couteau. Le profil des réalisation de la marque à l'araignée fait en effet partie de ses caractéristiques les plus remarquables.

pas d'erreur, c'est Lesieur.

pas d'erreur, c'est Lesieur.

Caractéristique techniques
Longueur 74mm
Longueur de coupe 67mm
Hauteur 33mm
Épaisseur 3.4mm
Épaisseur derrière le fil 0.6mm
Angle d'émouture primaire 2.59°
Type d'émouture primaire Plate
Matériau CPM SPY27
Dureté* 61 HRC

(* données constructeur)

Véritablement inclassable dans l'une des catégories traditionnelles, ce profil caractéristique de la marque est appelé "Spyderleaf" par certains, en raison de sa ressemblance avec une feuille d'arbre. Mais si leur esthétique n'est pas du goût de tous, on ne peut que constater la véritable réussite ergonomique et technique de ces lignes.

En plus d'héberger le large orifice "Spydie-hole" destiné à permettre l'ouverture du couteau à une main, le dos "bossu" de cette lame permet à celle-ci de bénéficier d'une épaisseur significative de matière sans pour autant que cela ne compromette son angle d'émouture. En effet, sans cette extension, une lame plus conventionnelle et doté de la même émouture plate et pleine imposerait à son créateur de choisir entre une épaisseur réduite pratiquement de moitié ou un angle d'émouture presque doublé.

On bénéficie donc ici d'un bon compromis entre robustesse et facilité de coupe, ainsi que d'un excellent confort d'utilisation grâce à l'appui accueillant que cette excroissance offre au pouce.

Ainsi positionné, le pouce est en prise directe avec la matière à trancher.

Ainsi positionné, le pouce est en prise directe avec la matière à trancher.

Le poids de la lame souffre enfin relativement peu de cette géométrie car l'important retrait de matière pratiqué pour former l'orifice soulage l'ensemble de quelques précieux grammes.

Avec raisonnablement peu de matière derrière le fil, cette lame est une bonne trancheuse et serait en l'occurrence idéale pour la préparation culinaire, notamment grâce à son arrondi généreux que l'on peut faire rouler contre un support, si ses dimensions n'étaient pas autant réduites. En plus d'être plutôt courte, elle renonce en effet à une partie de sa longueur utile pour permettre l'aménagement d'une encoche destinée à accueillir l'index.

Plus près de toi, mon fil, plus près de toiiiiiiiiiiii.

Plus près de toi, mon fil, plus près de toiiiiiiiiiiii.

Lors d'une opération de coupe normale, l'utilisateur a donc les doigts (pouce et index) très en avant et en contact direct avec la lame, ce qui donne un excellent contrôle sur le mouvement. C'est la raison pour laquelle le Para 3 excelle avant tout dans les tâches demandant une grande précision, que facilite en outre sa pointe acérée.

La progression de l'émouture permet de former une pointe fine et précise.

La progression de l'émouture permet de former une pointe fine et précise.

Difficile en revanche pour la plupart des observateurs de faire l'impasse sur le déséquilibre visuel créé par ces lignes. La lame a en effet un aspect trapu et semble plus courte qu'elle ne l'est réellement (ce dont elle n'a pas vraiment besoin étant donné sa longueur déjà limitée). Même repliée, elle dépasse ostentatoirement de son rangement et rend le couteau plus encombrant qu'il ne le mérite. Tous les goûts sont certes dans la nature mais ce genre de parti pris sans concession est à prendre ou à laisser.

Il en va de même pour le marquage omniprésent sur toutes ses surfaces: côté droit, on retrouve le logo de la marque sur l'émouture et son nom en toutes lettres sur le ricasso, ainsi que la nuance d'acier utilisée.

Pour ceux qui auraient oublié que c'est un Spyderco...

Pour ceux qui auraient oublié que c'est un Spyderco...

Et côté gauche, les logos des co-designers (le "E" stylisé de Eric sur le ricasso et les lettres imbriquées de "Sal" sur l'émouture) accompagnées du lieu complet de fabrication du couteau: Golden, Colorado, USA, planète terre.

Des fois qu'il y aurait ambiguïté avec l'état du Colorado situé dans le pays de Xanax sur la planète Zircon...

Des fois qu'il y aurait ambiguïté avec l'état du Colorado situé dans le pays de Xanax sur la planète Zircon...

Enfin, en ce qui concerne le matériau dont elle est faite, cette lame bénéficie d'un acier exclusif issu de la collaboration entre Spyderco et Crucibles Industries, et dont on peut raisonnablement imaginer qu'on le retrouvera de façon récurrente sur les futures créations de la marque (à moins qu'une étoile montante ne vienne perturber les plans de la famille Glesser).

Pour l'utilisateur, cet alliage offre des performances très appréciables, similaires aux CPM S30V et CPM S35VN dont il est un proche cousin, c'est à dire bien au delà des besoins triviaux du quotidien.

Le manche

Conçu pour accuser un poids minimum sur la balance, ce manche de dimensions pourtant moyennes joue astucieusement de ses contours afin d'offrir une prise en main digne d'un (très) grand.

Caractéristiques techniques
Longueur 109mm
Hauteur 27mm
Épaisseur 12mm
Châssis FRN

Évidemment, on ne peut pas considérer que cette poignée soit dans sa forme aboutie sans prendre en compte la présence de la lame dépliée à ses côtés, car la base de cette dernière participe complètement à l'ergonomie offerte, grâce à son encoche pour héberger l'index et son large repose-pouce.

Cette particularité permet, une fois la pince du pouce et de l'index établie autour de l'articulation, d'offrir aux trois doigts restants un espace large et confortable, digne de couteaux aux dimensions très supérieures.

Pour un couteau d'à peine 18cm déplié, c'est formule tout confort.

Pour un couteau d'à peine 18cm déplié, c'est formule tout confort.

Attention toutefois aux raccourcis malheureux: bien que de dimensions raisonnables (en comparaison du PM2 et a fortiori du Military), le Para 3 n'est en aucun cas un "mini" couteau comme nous avons déjà pu en croiser avec le Böker Nessmi. Les dimensions de sa lame et l'utilisation de cette dernière pour loger l'index le placent plutôt en compétition avec des modèles compacts tels que le WE Knife 605M déjà présenté sur ce blog. Mais sur le Para 3, le déséquilibre visuel lame/manche est plus marqué encore que sur le modèle chinois, et la zone sur laquelle reposent les doigts occupe plus des 2/3 de la longueur totale du couteau, ce qui lui donne réellement l'apparence d'un "grand" couteau à "petite" lame.

Cette sensation s'en trouve renforcée encore par l'encombrement du couteau replié qui souffre, en plus de la longueur significative de son manche, du profil caractéristiquement saillant du dos de sa lame et occupe ainsi dans la poche un espace supérieur à d'autres couteaux comparables, voir plus grands.

Rapporté à la longueur de coupe disponible, ça fait plutôt cher du mètre carré. Même en comparaison d'un OVNI comme le 605M.

Rapporté à la longueur de coupe disponible, ça fait plutôt cher du mètre carré. Même en comparaison d'un OVNI comme le 605M.

Il n'en reste pas moins que grâce à cette véritable poignée aux contours adoucis et aux volumes agréables, le couteau se cale parfaitement aussi bien dans le creux de la paume qu'entre les phalanges et assure une prise en main à la fois ferme et confortable, que le clip de poche en trombone ne vient jamais compromettre.

Cette ergonomie remarquable rappelle à chaque instant la devise de ses créateurs: des couteaux pour les mains et non pour les yeux. Chaque doigt est effectivement guidé avec fermeté mais sans violence vers un emplacement précis dans lequel il assurera le meilleur contact possible avec la texture antidérapante des flancs, à la fois efficace et dénuée d'agressivité.

Ces mêmes contours autorisent d'ailleurs une bonne variété de positions en fonction des besoins de l'utilisateur.

Comme ça, comme ça et comme ça aussi, ça marche très bien.
Comme ça, comme ça et comme ça aussi, ça marche très bien.
Comme ça, comme ça et comme ça aussi, ça marche très bien.

Comme ça, comme ça et comme ça aussi, ça marche très bien.

Le choix du matériau mis en œuvre par Spyderco pour ce manche est d'ailleurs instrumental dans un bon nombre de ses qualités. Le fait d'avoir choisi un polymère qui se travaille par moulage permet d'une part de réaliser les contours enrobés et la texture de ses flancs sans effort supplémentaire. D'autre part, c'est grâce à cette conception dénuée de plaquettes que le couteau gagne de précieux grammes sur la balance.

On pourra en revanche critiquer les conséquences de cette réalisation minimaliste et ultralégère: en dépit de la très bonne tenue du matériau utilisé, il est toujours possible en le pinçant fort de faire en sorte que le plastique touche les flancs de la lame lorsque celle-ci est repliée. Et même si ce comportement s'observe également sur bon nombre de couteaux dotés de platines métalliques (a contrario de ceux dotés d'un manche en titane par exemple), il est rarement perçu comme un gage de qualité.

Il faut quand même y aller comme une brute pour en arriver là.

Il faut quand même y aller comme une brute pour en arriver là.

Mais cette souplesse ne pose en revanche pas de problème lors de l'utilisation du couteau, qui ne présente aucun signe de faiblesse manifeste et s'avère au contraire plutôt sécurisant.

L'articulation

La première chose qui frappe, lorsqu'on consulte les données techniques de cette articulation, c'est qu'elle ne tourne que sur une unique rondelle en bronze phosphoreux, l'un des flancs de la lame étant en contact direct avec le nylon du manche.

On pourrait craindre de cet assemblage qu'il manque de souplesse mais il n'en est rien. Le nylon laisse l'acier glisser sans résistance et la lame pivote aisément d'un bout à l'autre de sa course grâce au large orifice propriétaire de la marque et qui permet aussi bien au pouce d'accompagner la lame que de la projeter d'une pichenette vers sa position de verrouillage.

Niveau débutant.

Niveau débutant.

Et pour les utilisateurs les plus tendances, il y a aussi la possibilité de s'adonner au "trick" nommé "Spydie-flick" par les amateurs de la marque, et qui consiste à expulser la lame d'une pichenette avec le majeur.

Niveau expert.

Niveau expert.

Dans les deux cas, la détente du compression lock offre la juste retenue et permet un déploiement satisfaisant.

Pour en revenir à la conception de cette charnière, elle n'est donc équipée d'un ersatz de platine que du côté droit où se trouve son mécanisme de verrouillage, et duquel est placée la fameuse rondelle antiadhésive, le côté gauche du manche étant intégralement réalisé en plastique.

Voilà grosso modo tout le métal que l'on peut trouver dans la charnière.

Voilà grosso modo tout le métal que l'on peut trouver dans la charnière.

On pourrait légitimement s'interroger sur la robustesse du résultat, mais le fait est qu'en position ouverte comme fermée, la lame ne présente pas le moindre jeu latéral.

Quand au jeu vertical, il est également complètement absent grâce à un compression lock exclusif à Spyderco et qui a la particularité de s'auto-ajuster avec l'usure, en plus d'assurer un verrouillage infaillible. Facile à libérer (pour les droitiers) grâce à une découpe réalisée sur le dos du manche, il permet de replier la lame d'un simple coup de poignet et sans compromettre la sécurité des doigts.

La facilité d'utilisation du liner lock, les coupures en moins.

La facilité d'utilisation du liner lock, les coupures en moins.

Et pour ne pas compromettre le poids du couteau, le ressort du compression lock est fixé directement sur le plastique du manche, et non découpé dans une quelconque platine métallique.

Le résultat de cette combinaison de mécanismes propriétaires (Spydie-hole, compression lock) fait du Para 3 un couteau aussi agréable et ludique à manipuler que robuste et pratique.

Le port

S'il souffre de l'encombrement important qu'impose son orifice d'ouverture et occupe logiquement plus de place dans la poche que n'importe quel autre couteau doté d'une longueur de coupe comparable, le Para 3 "Lightweight" mérite en revanche largement son suffixe.

Grâce à son manche tout en plastique, cette déclinaison du Para 3 est véritablement un poids plume, accusant sur la balance un tout petit 68g. Dès lors que l'on trouve un emplacement où ses dimensions ne sont pas gênantes, il se laisse complètement oublier.

Dans des circonstances qu'il ne vaut mieux pas évoquer sur l'Internet, votre serviteur a même fait l'expérience de le transporter fixé sous l'élastique de ses sous-vêtements sans que cela ne lui pose le moindre problème d'inconfort.

Évidement, le clip en trombone n'est pas étranger à ces modalités de transport avantageuses: contribuant d'une part à l'allègement de l'ensemble, il bénéficie en outre d'une géométrie lui permettant de faire complètement disparaître le couteau dans la poche, là où le clip "en spatule" du modèle standard laisse une portion importante du manche dépasser.

Un port bien profond comme on les aime.

Un port bien profond comme on les aime.

Toujours ambidextre, l'utilisateur perd en revanche la possibilité de positionner ce clip pointe en bas par rapport à son prédécesseur, ce qui ne constitue toutefois pas un souci de mon point de vue personnel.

Et puisqu'on en est au chapitre dédié au port de ce couteau, potentiellement donc en public, il convient de noter qu'en plus d'être tout aussi illégal que l'ensemble des couteaux dotés d'un mécanisme de verrouillage, le profil acéré de sa pointe aura plutôt tendance à susciter un sentiment de méfiance qu'à attiser la curiosité des observateurs. Son apparence purement utilitaire, et même un brin "tactique" (entendez par là "adaptée pour piquer la viande") ne le rendra tolérable que dans un atelier ou en pleine nature.

Le rapport qualité/prix

En même temps qu'une perte de poids significative, le Para 3 "Lightweight" a également vu son prix réduit de presque 30% par rapport à la version standard. On ne pouvait en attendre moins compte tenu de la surabondance de plastique implémentée sur ce modèle.

Proposé sous la barre des symbolique 100$ lors de sa sortie aux US en 2019, l'inflation a depuis fait son travail et la traversée en l'atlantique le rend aujourd'hui disponible aux alentours de 120€ sur l'hexagone. Prix auquel il faudra encore rajouter un peu moins de 50€ pour remplacer l'acier CTS-BD1N de base par le CPM SPY27 exclusif de Spyderco.

A un tarif final oscillant donc entre 160€ et 200€ (selon les revendeurs) pour l'édition spéciale présentée ici, l'addition commence à devenir sérieusement salée pour un couteau "en plastique", même si son acier est premium et sa réalisation exemplaire. Dans cette fourchette, on commence déjà à trouver quelques modèles à châssis métallique largement aussi bien finis. Le LionSteel Thrill proposé à seulement 150€ dans sa version aluminium en est un exemple, s'il ne fallait en citer qu'un.

C'est toutefois dans cette même fourchette tarifaire que l'on retrouve l'autre énorme succès américain de la fin des années 2010: le Benchmade Bugout. Sorti en 2017, ce dernier propose -en dépit d'un design radicalement différent- des matériaux similaires: acier premium (S30V) et manche tout en plastique.

La comparaison pourrait même être poussée jusqu'à son mécanisme de verrouillage, l'Axis Lock, qui était lui aussi une exclusivité de son fabricant jusqu'à ce que son brevet expire en 2018. On pourrait d'ailleurs imaginer, vu la précédence de son concurrent, que l'idée même de créer une déclinaison "tout en plastique" au Para 3 puisse avoir été inspirée par le succès commercial du Bugout.

Le fait que deux modèles dotés de tels matériaux puissent aussi bien se vendre dans cette gamme de prix illustre indéniablement un assouplissement des mentalités quand à l'acceptabilité du plastique sur les couteaux relativement onéreux. La chose était en effet proprement inimaginable à la fin des années 2000. Bon nombre d'amateurs continuent toutefois de défendre, peut-être à juste titre, l'idée que ces deux couteaux font davantage payer à leurs acheteurs le prestige de leur marque que leur coût de revient véritable.

Bilan

A défaut d'avoir été le premier Spyderco de ma collection, on peut argumenter que ce Para 3 LW SPY27 est le premier "véritable" Spyderco de ma collection. Incarnant sa marque jusqu'au bout des doigts, il illustre tout ce qui fait, à l'heure actuelle, le caractère de l'araignée américaine.

Conçu comme un "grand petit couteau", il constitue un outil extrêmement fonctionnel et ergonomique au sacrifice d'un rapport "longueur de coupe/taille totale" moins avantageux que bon nombre de ses concurrents.

Mais la longueur de coupe ne fait évidemment pas tout, comme le démontre ce modèle très pratique en dépit de son fil plutôt court... et comme le démontrera prochainement un couteau à la limite de l'inutilisable malgré un fil interminable.

Je t'invite donc à me suivre pour la prochaine étape de notre voyage pour en apprendre plus. Et d'ici là, passe une bonne journée.

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