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Escapades coutelières

Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs

Kernico "KNC1": le premier cuisine

Kernico "KNC1": le premier cuisine
On n'est jamais mieux servi...

Le printemps enfin arrivé, je me baladais en ville avec un pote quand je tombai tout à fait par hasard sur un tout petit santoku tout mimi exposé dans la vitrine de mon coutelier habituel. Le craquage aurait été immédiat si mes finances me l'avaient permis, mais les circonstances firent que je dus passer mon chemin.

Au cours des jours qui suivirent, comme pour me mettre à l'épreuve, je laissais un onglet de mon navigateur ouvert en permanence sur l'objet de mon désir, facilement retrouvé dans une vitrine numérique. Pourtant, même avec le prix avantageux proposé par le commerçant en ligne, ma volonté restait inflexible et je ne me laissais pas aller à l'achat compulsif.

Au bout d'une semaine, la tentation était passée mais l'envie d'un petit "cuisine à tout faire" ne m'avait pas quitté. Et comme il me restait quelques chutes de 14C28N en 2mm d'épaisseur à la suite de ma grosse commande de nowèle ainsi qu'un joli petit bloc de morado en bois debout reçu en cadeau à cette même période, je décidai de me mettre à l'ouvrage.

Le prototype

Pour mon premier essai, je découpe un prototype dans la moitié de l'acier qu'il me reste.

En plus de faire une émouture propre, mon principal défi est d'éviter que ma lame ne se voile. Mes précédentes tentatives sur un acier de cet finesse m'ont en effet appris que ce phénomène se produisait volontiers si l'on n'y prenait pas garde.

Je m'exerce donc en prenant soin d'alterner les côtés: le retrait de matière sur une émouture s'accompagne d'une déformation de lame qui se courbe vers l'autre côté. En retournant régulièrement cette dernière, j'ai l'impression d'arriver à neutraliser ce phénomène. Que cela soit à l'aide de cette alternance ou tout simplement parce que l'acier était bon dès le départ, j'arrive à obtenir un résultat parfaitement droit, et qui ne bouge même pas à la trempe!

Il est temps d'aller se coucher, l'orgueil comblé par le fruit d'un travail bien accompli.

Dès le lendemain, je jette mon dévolu pour le manche sur l'un des morceaux d'ébène ayant appartenu à mon arrière-grand-père sculpteur et qu'une succession d'attentions bienveillantes a fait atterrir dans mon garage.

Jusque là, tout va plutôt vachement bien.

Jusque là, tout va plutôt vachement bien.

Le montage se fera sans colle, avec de simples rivets matés sur rosette.

Mes plaquettes rectifiées et percées, je retourne au backstand pour les détourer en prenant appui sur la plate semelle. Tout allait pour le mieux lorsque soudain, "GZIIIIING", un coup de bande maladroit me bouffe presque 1mm de fil au niveau du talon.

Je récupère le coup en courbant mon tranchant à l'approche du manche. Le résultat ne sera pas optimal pour "rocker" sur la planche à découper mais néanmoins parfaitement fonctionnel pour tirer des coupes au travers des saucissons les plus secs et des tomates les plus mûres.

Reste plus qu'à recommencer "pour de vrai".

Reste plus qu'à recommencer "pour de vrai".

J'appellerai cette première tentative imparfaite "mon prototype".

Seconde et dernière chance

Une semaine a passé.

J'ai rendez-vous ce weekend chez mon copain forgeron et je n'envisage pas d'arriver chez lui sans une petite réalisation à exhiber.

Je n'ai plus qu'une cartouche au chargeur et pas l'intention d'attendre une livraison d'acier pour me refaire. Je profite donc de l'expérience acquise lors de ma première tentative pour former l'émouture la plus fine possible tout en évitant que ma lame ne se voile.

Mon travail terminé et la lame trempée, plus fine encore que lors de mon premier essai, le résultat est presque parfaitement rectiligne. Une satisfaction incontestable.

Dès le lendemain, je m'attaque au manche. Je pense tout d'abord pouvoir tirer quatre fines plaquettes de mon bloc de morado, mais l'épaisseur de ma scie faisant, je change rapidement mon fusil d'épaule et joue la sécurité en me limitant à deux grosses tranches (et une chute inexploitable) que j'affine et rectifie ensuite au backstand.

Le bois pue la pisse et fait une fine poussière qui se colle partout, un vrai régal!

En faisant l'économie de l'étape "colle époxy" je gagne de précieuses heures et m'oblige à bien soigner le matage de mes rivets. Puis, une fois le couteau assemblé (sans faux geste, cette fois-ci), il ne reste plus qu'à faire une petite photo avant le passage à la marinade.

Ben moi ça me va plutôt pas mal!

Ben moi ça me va plutôt pas mal!

Deux jours plus tard, le sors le manche de l'huile de lin: il a considérablement foncé mais le contraste est encore bien visible. Un affûtage et une photo souvenir plus tard, mon nouveau schlass est prêt pour aller rendre visite à mon copain.

Alors, bien ou bien?

Alors, bien ou bien?

Le weekend est chaleureux (et fera l'objet de son propre article, car ma visite aura été des plus productives) et mon nouveau couteau trouve l'occasion de se rendre utile en contribuant à la préparation du "gra-tian de pommes de terres" de mon hôte.

Je lui trouve d'excellentes qualités dans le domaine de la petite préparation alimentaire, comme dans celui de l'escalopage du bout de mon doigt, qu'un apéritif bien arrosé met à la portée de son impitoyable tranchant. C'est bien simple: je n'ai rien senti lorsque ma création a prélevé une fine tranche de peau à l'extrémité de mon annulaire! Seul témoin de cet "accident", un petit cercle rosé juste en dessous du bout de mon ongle et un mini bout de salami gisant sur la planche à découper.

Bref, je pense que lui et moi, on a de beaux moments à partager.

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