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Escapades coutelières

Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs

ANV "A100 Magnacut": le bugout tchèque?

ANV "A100 Magnacut": le bugout tchèque?
Enfin une critique utile!

Et oui, cher lecteur, tu ne rêves pas: je te propose aujourd'hui la critique d'un modèle de couteau récent, toujours disponible dans le commerce et qui n'a pas -encore- été critiqué en long, en large et en travers sur l'ensemble des sites couteauphiles de la toile!

En d'autres termes, cette critique pourrait (ou pas) t'apporter des informations utiles et inédites dans l'éventualité où tu envisageais de faire l'acquisition de ce modèle. Voilà, c'est cadeau, ça fait plaisir.

Il faut avouer que jusqu'ici j'ai été plutôt pingre question service public: la grosse majorité des modèles que j'ai présentés à ce jour existent depuis au moins une décennie et tout ou presque a déjà été dit à leur sujet. En outre, quand bien même j'aurais réussi par inadvertance à te convaincre de ne pas acquérir tel ou tel modèle, force est de constater qu'il n'était de toutes façons probablement déjà plus disponible.

C'est donc une fierté et un honneur d'être aujourd'hui à l'avant garde de la nouveauté coutelière pour te présenter le presque tout dernier modèle sorti des ateliers de Acta Non Verba.

Présentation générale

Relativement nouvelle sur le marché, cette marque nous vient tout droit de la République Tchèque. Mais si, vous savez, ce pays coincé entre l'Allemagne, la Pologne, l'Autriche et la Slovaquie! Le siège social de l'entreprise se trouve à Prague et son usine dans la cité de Moravské Budějovice située au sud du pays, à quelques kilomètres à peine de la frontière autrichienne.

Résolument orientée "Taktikheul", le catalogue ANV ne fait pas dans la dentelle, avec une section entière réservée aux application militaires et des modèles "civils" pas beaucoup moins intimidants, qu'il s'agisse de fixes ou de pliants.

On a du mal à croire que ce Z400 a été conçu pour beurrer ses tartines...

On a du mal à croire que ce Z400 a été conçu pour beurrer ses tartines...

Le nom même "Acta Non Verba" ("des actes et non des paroles", en latin) pourrait d'ailleurs, avec un peu de mauvaise foi, être interprété comme "planter d'abord, poser les questions ensuite". Mais ce n'est cependant pas le discours de la marque, qui préfère orienter sa communication sur l'aspect "faire/réaliser des outils de qualité au lieu d'en parler".

Du côté des pliants, donc, ANV propose toute une gamme de modèles aux noms pour le moins évocateurs pour qui est excité par les patronymes droïdesques: Z050, Z100, Z200, Z300, Z400, A100 et A200. Et si les différences sont évidentes d'un modèle "Z" à l'autre, on ne peut pas en dire autant des A100 et A200 qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

Ben quoi, c'est pourtant évident non? Celui du haut c'est le... enfin le... heu non c'est l'autre.
Ben quoi, c'est pourtant évident non? Celui du haut c'est le... enfin le... heu non c'est l'autre.

Ben quoi, c'est pourtant évident non? Celui du haut c'est le... enfin le... heu non c'est l'autre.

Ce n'est qu'en lisant les spécifications de ces deux modèles que l'on réalise que la différence se situe uniquement dans les matériaux choisis pour les réaliser. Alors que le A200 est proposé avec des plaquettes en G10 et une lame en acier Sleipner (un acier sur lequel que j'abstiendrai de faire le moindre article tant que je n'en aurai pas un échantillon sous la main), le A100 joue la carte du "lighweight" avec ses plaquettes en nylon renforcé tandis que sa lame est proposée dans un large choix d'alliages allant de l'Elmax (non documenté dans ces pages pour les mêmes raisons) au Sleipner en passant depuis 2022 par le très populaire CPM Magnacut.

Et si ce n'était pour la curiosité d'avoir un modèle industriel réalisé dans cet acier (dont j'ai déjà transformé quelques morceaux à titre amateur), j'avoue que je n'aurais peut-être pas franchi le cap. La construction du manche, étonnamment proche de celle du Benchmade Bugout avec ses demi platines tout juste assez grandes pour héberger unCrossbar Lock et ses plaquettes en matière synthétique, était en effet de nature à susciter mon inquiétude quant à la rigidité de l'ensemble.

Or, c'est précisément cet argument qui m'a fait résister à la tentation Bugout jusqu'à la sortie de sa déclinaison en fibre de carbone. Mais à sa décharge, le Bugout "original" n'était pas équipé du tout dernier acier de l'espace au top de la geekitude. Tendance, quand tu nous tiens...

C'est donc beaucoup pour sa lame, et un peu moins pour son manche, que j'ai craqué le (t)chèque nécessaire à l'acquisition du A100 Magnacut et reçu mon exemplaire avec un mélange d'excitation et de circonspection.

Une lame sans concessions

Fidèle à ses origines, la lame du A100 ne fait pas dans la demi mesure avec ses lignes tendues, ses arêtes vives et son revêtement noir mat évoquant sans ambiguïté son ascendance "tactique".

Parce que ça doit quand même bien piquer la viande au barbecue cette affaire là.

Parce que ça doit quand même bien piquer la viande au barbecue cette affaire là.

Caractéristiques techniques
Longueur 88mm
Longueur de coupe 86mm
Hauteur 24mm
Épaisseur 3mm
Épaisseur derrière le fil 0.5mm
Angle d'émouture primaire 3.97°
Type d'émouture primaire Plate
Matériau CPM Magnacut
Dureté* 64 HRC

(* Données constructeur)

D'entrée de jeu, plusieurs points attirent l'attention au sujet du traitement réservé ici au Magnacut, à commencer par sa dureté inhabituellement élevée, bien que parfaitement inscrite dans la tendance actuelle.

Pour atteindre 64 HRC, cet alliage requiert un traitement thermique exigeant, impliquant un refroidissement cryogénique effectué immédiatement après la trempe initiale. Or la plupart des industriels n'ont pas les moyens logistiques ou financiers de mettre en place de tels processus et se contentent par conséquent d'un "tout petit 61HRC" déjà parfaitement adapté à un usage quotidien.

Au regard de cette particularité, on peut comprendre que ANV soit fier de son traitement thermique au point de l'avoir représenté par un symbole dédié sur le verso de sa lame.

Genre j'me la pète en mode cryo kwah!

Genre j'me la pète en mode cryo kwah!

A titre personnel toutefois, ce choix me laisse dubitatif. Car si une dureté très élevée peut effectivement faire sens pour un couteau de poche dans la mesure où, grâce au Magnacut, elle ne se paye pas au prix d'une résilience anecdotique, le bénéfice pratique de ce parti pris ne m'est pas immédiatement évident. En plus de m'être arrivé moyennement bien affûté, ce couteau ne garde pas son tranchant significativement plus longtemps que mes productions maison faites du même alliage, et a fortiori que d'autres alliages rencontrés sur mes différents modèles industriels. Tout du moins au regard de mes moyens d'observation empiriques.

En revanche, j'ai parfaitement senti le bénéfice financier que pouvait tirer ANV en surfant sur la vague du snobisme coutelier et en exploitant cette dureté très "tendance" pour justifier un tarif objectivement excessif: le passage du Sleipner/60HRC au Magnacut/64HRC se facture en effet pas moins de 80€ sur ce modèle!

Et tant qu'à faire à s'offrir un Magnacut réputé pour son exceptionnelle résistance à la corrosion, j'aurais personnellement apprécié qu'on laisse tomber ce revêtement délibérément militarisé (dixit le site web du fabricant: "qui ne renvoie aucun reflet indésirable") au profit d'une finition satiné ou stonewashed beaucoup plus civilisé.

Pour le reste, il n'y a pas grand chose à reprocher à cette lame au profil très polyvalent. Dotée d'une excellente longueur de coupe, elle place le A100 dans la catégorie des "grands-moyens couteaux" alternant une longue zone de plat et un arrondi justement dosé. Son épaisseur tout à fait standard et son émouture plate, presque pleine et relativement fine à sa base en font un excellent outil de coupe.

D'un intérêt pratique tout à fait relatif, la contre-émouture réalisée sur une bonne partie de son dos lui offre en revanche une dynamique visuelle agréable soulignée par un ergot de pouce original et réussi (bien que supposément habillé d'un point de matière phosphorescence que je n'ai personnellement jamais vu briller).

Perso, moi, j'aime bien.

Perso, moi, j'aime bien.

A l'approche de la pointe, cette contre-émouture s'interrompt brutalement, créant l'illusion visuelle d'un harpon lorsque l'on regarde la lame par le côté, et d'une pointe de flèche lorsqu'on la regarde par le dessus.

Et en plus, c'est original.

Et en plus, c'est original.

En outre, ce choix géométrique permet de conserver la peine épaisseur de métal à l'approche de la pointe et donc à contribuer à rendre cette dernière robuste.

En définitive, j'apprécie ses lignes tendues mais équilibrées et le Magnacut me procure entière satisfaction sur ce modèle. Seul la présence du revêtement et le prix de l'ensemble me laissent sur la réserve. Quant à ses qualités purement utilitaires... Disons que sa géométrie est tout à fait efficace, sans pour autant proposer ce petit truc en plus qui en ferait un couteau hors du commun.

Côté habillage, l'enduit (superflu à mon goût) est décoré avec sobriété du nom de son fabricant côté droit, réhaussé par l'ergot de pouce un poil bling-bling avec son point supposément luminescent qui ne brille pas le moins du monde; tandis que le côté gauche est un peu plus chargé avec le nom du modèle, la nuance d'acier et le pays d'origine du couteau à cheval entre le flanc et l'émouture, et un petit bout de l'ergot qui dépasse maladroitement de l'autre côté de la lame (comme on peut le voir sur l'une des photos ci-dessus).

Un manche qui laisse sur sa faim

Difficile de trouver un adjectif pour qualifier ce manche qui prend ses propres atouts à contrepied.

En tout cas, il possède au moins son propre caractère.

En tout cas, il possède au moins son propre caractère.

Caractéristiques techniques
Longueur 123mm
Hauteur 27mm
Épaisseur 14mm
Châssis Nylon renforcé

Mon premier réflexe en voyant les photos de ce manche a été "celui-là, au moins, il est original!". Et puis lorsque je l'ai tenu en main pour la première fois, j'ai immédiatement été saisi d'une impression de déjà-vu.

L'originalité de sa construction, pour commencer, n'en est pas une puisqu'il s'agit d'un copier-coller du plus gros succès commercial de 2017, j'ai nommé: le Benchmade Bugout.

Deux simili-platines tout juste assez longues pour soutenir la charnière et le mécanisme de verrouillage (une implémentation du Crossbar Lock désormais libre de droits et rebaptisée pour l'occasion "ALock"), sont habillées par une paire de plaquettes faites d'un matériau dont la souplesse a d'ores et déjà fait couler beaucoup d'encre sur la toile.

Si cette architecture vous semble familière... C'est normal.

Si cette architecture vous semble familière... C'est normal.

En voulant jouer la carte de l'ultra-léger, ANV a effectivement prêté le flanc aux détracteurs des manches "toutenplastique" car la souplesse est indéniablement au rendez-vous.

Sans doute la photo préférée des détracteurs du A100, du Bugout et de leurs autres cousins plus ou moins éloignés.

Sans doute la photo préférée des détracteurs du A100, du Bugout et de leurs autres cousins plus ou moins éloignés.

Mais cette "tare" tant décriée depuis la sortie du couteau ne me semble pas aussi dramatique que certains se plaisent à le dire. Certes la sensation qui en résulte est pour le moins inhabituelle, surtout lorsque la tâche exige de serrer fort le poing autour de son couteau et que l'on sent celui-ci se contracter sous la pression, mais cela ne me choque pas outre mesure dans la mesure où la lame, elle reste parfaitement stable.

En effet, contrairement à un "Océanic" dont l'ensemble de la structure se balade à la moindre contrainte, le A100 ne ploie qu'à l'arrière de son manche. Et si on devait le comparer à un SOG Vulcan, dont le manche se comporte de façon plus comparable, le A100 ne commet pas l'erreur d'exhiber une lame de 4mm d'épaisseur qui crie "vas-y à fond!". La finesse du couteau tchèque incite au contraire à un usage raisonnable et avisé.

Quitte à le comparer à un modèle déjà critiqué dans ces pages, et à défaut d'avoir pratiqué le Bugout original à l'heure où j'écris ces lignes, je tournerai mon regard vers le Spyderco Para 3 LW qui présente dans une moindre mesure des particularités similaires, sans toutefois que cela ne m'ait jamais posé le moindre souci pratique.

Souple oui, le manche du A100 n'en est pas moins robuste, notamment grâce à l'ajout d'une entretoise, elle aussi en nylon, destinée à renforcer l'ensemble tout en apportant une touche de couleur appréciable.

Et puis le fait qu'elle soit ajourée ne manque pas d'audace.

Et puis le fait qu'elle soit ajourée ne manque pas d'audace.

Réaliser cette pièce en aluminium plutôt qu'en nylon aurait sans doute dramatiquement changé la perception de l'utilisateur sans forcément affecter le poids du couteau de façon significative, mais il est fort probable que le coût déjà élevé de ce modèle n'en aurait été qu'aggravé.

En revanche, ce qui me pose réellement problème avec le manche du A100, ce sont les conséquences d'un choix de design a priori anodin visant à dissimuler le passe-lacet justement aménagé dans cette entretoise.

Utilise moi si tu peux!!!

Utilise moi si tu peux!!!

En plus de rendre le susdit passe lacet objectivement impossible à exploiter sans démonter le couteau, ce choix impose d'évider l'arrière des plaquettes qui deviennent alors très (trop) fines pour la paume de la main.

Associé à un contour maladroit car trop en pointe, le pommeau du couteau s'avère douloureux à l'usage, tout particulièrement lorsqu'il faut le caler au creux de la paume pour actionner un Crossbar Lock plutôt vigoureux.

Franchement, ça pique fort!
Franchement, ça pique fort!

Franchement, ça pique fort!

Et c'est dommage car en dehors de ce détail, les dimensions du manche sont bonnes. Ses formes, bien que modernes, restent suffisamment neutres pour ne pas être inconfortables et l'ensemble est plutôt agréable en main, dans une multitude de position.

Il y a de la place pour tous les doigts.

Il y a de la place pour tous les doigts.

La texture réalisée sur les flancs des plaquettes fait le job et le couteau ne glisse pas des mains, même lorsque celles-ci sont humides. Enfin, le clip en trombone est assez court et discret pour ne pas compromettre le confort général.

En d'autres termes, s'il n'y avait pas ce pommeau mal foutu qui blesse la paume à chaque tentative de déblocage du mécanisme de verrouillage, ce manche écoperait d'une mention honorable. Mais comme je le disais en début de chapitre, ces diverses tentatives pour se démarquer positivement de la concurrence se soldent par une maladresse qui compromet in fine le plaisir de l'utilisateur.

Une articulation qui déçoit

L'autre gros atout du A100 Magnacut, en plus de son acier, c'est évidemment la présence d'un système de verrouillage éprouvé, simple d'utilisation, ambidextre et sans danger pour les doigts. Depuis que le Crossbar Lock est libre de droits, de plus en plus de fabricants adoptent ce mécanisme, et nous leur en savons gré!

Cependant, si les qualités de ce mécanisme sont reconnues et appréciées, tous les fabricants ne sont pas capable de l'implémenter avec la même rigueur dans les ajustements... Sans compter sur les éventuelles variantes introduites par telle ou telle marque (coup de buzz marketing oblige) avec plus ou moins de bonheur pour l'utilisateur final.

De ce côté, ANV ne prend aucun risque puisque le constructeur tchèque nous propose une copie fidèle du mécanisme original imaginé par Benchmade, jusque dans l'articulation de la lame montée -elle aussi-, sur des rondelles en bronze phosphoreux. Seule une petite touche de peinture rouge vient nous rappeler que nous ne sommes pas en Amérique.

Ah bah là, c'est sûr: ça n'a PLUS RIEN À VOIR avec un Axis Lock classique!

Ah bah là, c'est sûr: ça n'a PLUS RIEN À VOIR avec un Axis Lock classique!

Il en résulte un comportement sans la moindre mauvaise surprise: la souplesse de l'articulation est directement liée au degré de serrage de son axe de pivot et la lame peut, une fois la vis ajustée en conséquence, pivoter librement par simple gravité (ou à l'aide d'un léger coup de poignet) d'une position à l'autre dès lors que le mécanisme est libéré.

Ce fonctionnement s'avèrerait aussi diablement récréatif que sur mes différents Benchmade... si la douleur n'était pas au rendez-vous à chaque fois que mes doigts tirent le mécanisme vers l'arrière, enfonçant ce faisant le pommeau saillant du manche contre le creux de ma paume.

C'est la raison pour laquelle ce couteau est le SEUL Crossbar Lock de ma collection que j'ai pris l'habitude d'ouvrir avec l'ergot de pouce.

L'ouverture, donc, se fait à l'aide de l'ergot prévu à cet effet. Mais en raison de l'emplacement et des dimensions de ce dernier, couplé à la détente "élastique" (et plutôt virile) du mécanisme de verrouillage, il est illusoire d'espérer projeter la lame d'une pichenette. Au lieu de cela, il faut poser la pulpe du pouce bien au milieu de l'ergot et accompagner celui-ci jusqu'au bout de sa course. Le mouvement qui est résulte est certes moins intimidant pour le grand public (et c'est bien là la seule chose dans ce couteau qui n'est pas intimidante pour le profane) mais, sans que cela ne s'avère désagréable, le geste y perd beaucoup de fun.

Le verrouillage est -heureusement- irréprochable et la lame ne souffre pas du moindre jeu.

De plus, contrairement à mes expériences précédentes avec des modèles tel que le 940 Obsorne, je n'ai constaté aucune difficulté à libérer la lame sur le modèle ANV neuf tout juste sorti de sa boite. Ma seule problématique consistant sur le court terme à trouver une position dans laquelle actionner le mécanisme sans que le pommeau ne vienne à nouveau s'enfoncer dans le bleu qui s'est rapidement formé au creux de ma paume.

J'ai finalement opté pour une fermeture à deux main qui tue, elle aussi, tout le fun du mécanisme, mais qui a le mérite de ne pas me faire mal.

Un port mitigé

Avec sa conception "poids plume", on sent clairement que le A100 joue la carte de l'ultra portable.

Du haut de ses 74g, il rivalise en effet avec le Spyderco Para 3 LW (68g) mais ne tient pas pour autant la comparaison avec le Benchmade Bugout CF (58g) pourtant doté de dimensions comparables. La faute principalement à une lame certes plus longue, mais surtout plus épaisse.

Cela n'en fait pas pour autant un "poids lourd" et c'est un couteau qui se fait d'autant plus volontiers oublier sur le rebord de la poche que son clip de poche en trombone, profond, pointe en haut et ambidextre l'y fait complètement disparaître tout en assurant un excellent maintien bien que dénué de toute agressivité pour la couture. En outre, malgré des dimensions généreuses, la finesse générale de ses lignes n'en fait pas un obstacle pour les mains qui voudraient aller chercher des clefs au plus profond de leur antre.

Comme je les aime.

Comme je les aime.

Mais on est toutefois en droit de se demander si les concessions réalisées pour atteindre ce poids pas-si-ultra-léger en valaient la peine: pour seulement 9g de plus, le A200 propose des plaquettes en G10 montées sur une paire d'entretoises métalliques. A choisir, je crois que je préfère avoir 9g de plus dans la poche! En outre, le passe lacet étant percé directement dans les plaquettes, le pommeau ne semble pas souffrir de ce défaut de conception qui fait... souffrir.

Et comme les deux modèles sont identiquement agressifs pour l'œil du profane (tout comme celui de l'amateur d'ailleurs), ni l'un, ni l'autre ne trouveront grâce lors des soirées entre collègues de boulot.

Un rapport qualité/prix discutable

J'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer: je trouve les Bugout et consors trop chers pour des couteaux en plastique. J'ai l'impression que leur tarif se justifie davantage par leur aura et la marque apposée sur leurs lames que par leur coût réel de production, même si je peux me tromper.

Le modèle "de base" du A100, en acier Sleipner, se démarque positivement du lot avec un tarif affiché autour des 120€ ce qui en fait, à conception identique, une bonne affaire en comparaison des 160€ de l'américain dont le tarif n'a que très peu baissé depuis sa sortie en 2017.

Pour ce prix, les finitions mécaniques sont impeccables et la lame parfaitement centrée même si l'affûtage était perfectible sur mon exemplaire. Les plastiques sont propres, on ne constate pas de bavure ni de trait de moulage et l'ensemble présente plutôt bien.

En revanche, lorsqu'on introduit le facteur "Magnacut" dans l'équation, l'addition grimpe tout de suite à plus de 200€. La pilule est difficile à avaler et fait même plutôt l'effet d'un suppositoire effervescent. Il faut vraiment être excité par le score HRC d'une lame ou, pire, le nom d'un acier à la mode pour tomber dans le panneau... Ce que votre serviteur s'est empressé de faire dans le seul et unique but parfaitement désintéressé de partager son expérience avec ses lecteurs.

Évidemment, le phénomène n'est pas propre à ANV et à l'heure actuelle il est difficile, voir impossible, de trouver un modèle industriel réalisé en Magnacut à un tarif raisonnable. La véritable fièvre qui s'est emparée de la communauté au sujet de cet alliage justifie apparemment tous les excès et on ne peut qu'espérer que les choses rentreront d'elles-mêmes dans l'ordre une fois le buzz retombé. En attendant, satisfaire sa curiosité nécessite quelques sacrifices pour qui en a les moyens.

Une conclusion sans appel

De mon point de vue, le A100 n'est donc PAS le Bugout tchèque, en dépit de ses nombreux points communs avec la référence américaine.

C'est un excellent couteau de poche, doté d'un look audacieux et d'une géométrie parfaitement fonctionnelle, mais qui souffre hélas d'un défaut ergonomique complètement rédhibitoire qu'un modèle à succès ne peut pas se permettre d'avoir.

Il n'en est pas moins bourré de qualités et les raisons de l'apprécier sont nombreuses. Peut-être même que des utilisateurs dotés d'une morphologie subtilement différente de la mienne ne ressentiront pas la même gêne que moi au niveau du pommeau et que ce modèle leur procurera entière satisfaction. La seule façon de le savoir, c'est de le prendre en main.

Est-ce un couteau désirable? Sans aucun doute. Un achat à faire les yeux fermés? Je ne pense pas.

En revanche, l'idée me traverse l'esprit que si le manche du A200 était compatible avec la lame du A100, un hybride "A200 Magnacut" pourrait tout à fait combiner les qualités des deux modèles pour constituer une proposition qui, sur le papier, ne manquerait pas d'arguments pour me faire oublier mes réserves!

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