28 Juillet 2022
Le voilà, mon premier couteau fait par moi, pour moi et 100% émoulu au backstand.
A la suite de mes précédents ratages hybrides lime/backstand sur l'onéreux magnacut, tu auras peut-être noté au fil des récents articles que je me suis lancé corps et âme dans l'émouture 100% backstand du 14C28N. Et on peut parler d'une très longue expérience puisque j'ai exprimé mon incompétence en la matière sur pas moins de DEUX lames qui, heureusement, ne m'étaient pas destinées (le cadeau d'anniversaire de ma femme au mois de mai et le gros sankouto -attention, jeu de mots!- de mon co[llègue/pain] début juillet).
Fort des multiples leçons accumulées à mesure que j'enchaînais les conneries, je me suis finalement dit qu'il était temps d'essayer de m'appliquer pour sortir un truc potable. Bref, un couteau qui m'était destiné.
Et pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai évidemment choisi de partir sur une entablure à 45°, parce que d'une, c'est un peu mon délire, et de deux, pourquoi pas.
Si ce design te rappelle des souvenirs, c'est tout à fait normal: il s'agit d'une variation sur le thème de mon "KN1", doté d'une lame moins encombrante (plus courte quoi) et d'un manche à la fois moins haut et plus ventru pour un meilleur confort (et aussi pour moins me faire chier, parce que les concaves, merci bien!).
C'est dimanche, je m'installe dans l'atelier pour sculpter le fer tant qu'il est froid.
Sans grande surprise, je commence par la découpe et le détourage. Jusque là, rien de bien compliqué...
...Avant de me lancer dans l'émouture.
Pour avoir une belle entablure à 45°, je ne cherche pas plus loin que le bout de mon nez: je fais mon émouture avec la lame à 45° de la bande. Cette position "pas ultra confortable" présente néanmoins un avantage que je n'avais pas anticipé: du fait de la longueur modeste de ma lame, l'attaque en diagonale permet un contact quasiment complet entre la lame et la bande. Ainsi, je n'ai presque pas besoin de me déplacer latéralement pour en grignoter la matière de la base à la pointe.
Mais cela ne m'empêche évidemment pas de commettre la sempiternelle erreur dite "de la rotation des épaules" et de manger trop vite l'extrémité de ma lame:
Le pied à coulisse rend son verdict: j'ai usiné plus que la moitié de l'épaisseur de ma pointe. J'ai donc le choix entre compenser de l'autre côté en réduisant mon angle pour former une émouture asymétrique, ou renoncer à quelques millimètres de lame.
J'opte pour la deuxième solution: En raccourcissant mon profil de 4mm, je retrouve une surface pourvue de suffisamment de matière pour reprendre le travail l'esprit serein. Et parce que cette mésaventure m'a éprouvée mentalement, je me relaxe un instant en perçant mes trous de rivets.
Une fois le calme revenu, je reprends le travail en faisant cette fois bien attention à faire le métronome sur mes appuis au lieu de tourner les épaules de droite et de gauche. Après une petite heure d'un travail précautionneux interrompu par les contrôles incessants et le refroidissement d'une lame qui chauFFE BORDEL!.. (lame en diagonale = plus de surface de contact = plus de chaleur) ...j'obtiens finalement un résultat pas si merdique que ça.
Fort de ce premier succès, j'enchaîne direct sur l'autre face qui, par un heureux hasard, se trouve être du côté de ma main la plus adroite. A peine une heure plus tard, le résultat est sans appel.
Disons le franchement, je ne me sens plus pisser. A tel point que je n'ose même plus toucher à mon œuvre et qu'il faudra attendre mercredi pour que je me décide enfin à réaliser la trempe (non documentée pour le présent article) pour un revenu et un nettoyage jeudi matin au réveil, après une nuit dans le congélo (le temps que le four refroidisse quoi...).
Vendredi, je prépare une paire de plaquette, fais leur détourage/perçage, la monte des rivets/rosettes et encolle le tout...
Le coup du scotch, c'était une idée de con par contre: l'époxy est passée dessous et j'ai eu un mal de chien à nettoyer le résultat.
Et samedi, je finalise la poignée de fortune de ma création avec la bonne vieille technique du "cireur de pompes" une fois les angles cassés au backstand. Le résultat part immédiatement en marinade pour cinq jours supplémentaires.
Il faudra donc attendre ce jeudi, c'est à dire 11 jours après le début des hostilités, pour voir enfin sortir la chrysalide de son cocon. Comme les machines sont en train de tourner pour mon-pote-qui-bosse-en-slip venu confectionner sa première création, j'en profite pour affûter mon chef d'œuvre et le remiser dans l'attente d'un étui que je ne suis pas franchement pressé de confectionner.
La suite? Accroche-toi à ton slip car nous accueillerons un nouveau guest-auteur, celui-là même qui quittait aujourd'hui même mon atelier avec sa première création. Et maintenant que je l'ai balancé publiquement, il n'a plus d'autre choix que de nous pondre son article.
Évidemment, je pourrais lui couper l'herbe sous le pied en écrivant au sujet du couteau destiné à mon fils que j'ai également assemblé au cours des dernières 48h, mais je sais que ça lui ferait trop plaisir d'avoir une rallonge de délai.
Donc, sans trop te mettre la pression (je sais que tu me lis, homme qui bosse en slip!)... ALORS, CE REPORTAGE PHOTO, ÇA VIENT?!?