16 Mars 2022
Alors que mon four et mon backstand viennent juste de quitter leur entrepôt polonais (oh joie), je décide d'avancer sur mon second projet et de réaliser l'émouture du bien nommé KN2.
Vu comme j'ai foiré l'émouture au backstand de ma lame forgée il y a deux semaines (je visait un départ d'émouture aux 2/3 de la lame, j'ai fini avec une émouture pleine...), je ne me sentais de toutes façons pas le courage d'envisager l'opération autrement qu'à la lime et à l'huile de coude. Après tout, c'est encore comme ça qu'on a le meilleur visuel sur ce qu'on fait et le meilleur contrôle de l'angle d'attaque.
Fort de ma première expérience, je sais grosso modo que j'en ai pour une dizaine d'heures de taf, sans compter le polissage, alors autant s'y mettre tout de suite.
Entre les apéros et les sorties du weekend, j'ai réussi à terminer mon émouture. Brute de lime, elle n'est pas encore très agréable à regarder, mais j'ai évité avec succès toutes les erreurs commises lors de mon premier essai: L'entablure en biais est nette et bien marquée, la surface émoulue est relativement plane et mon départ d'émouture plutôt rectiligne comme il faut. En outre, j'ai été plus offensif sur le retrait de matière et n'ai laissé que 0.6mm de matière sur le futur fil, en prévision du fait que l'affûtage le fera de toutes façons reculer (et épaissir).
Il ne reste plus qu'à prier pour que ça tienne à la cuisson... Et à faire un maximum de polissage AVANT la trempe, pour m'éviter le calvaire de ma premières expérience.
Au passage, je suis impressionné par l'impressionnante quantité de matière retirée et que j'ai pris soin, guidé par quelque obsession inexplicable, de ne pas balayer au fur et à mesure de ma progression. Comme si ce petit tas de MagnaCut en poudre pouvait avoir une quelconque valeur.
Ma palette est toujours en transit. Le suivi de livraison ne se met plus à jour depuis lundi et mes outils semblent immobilisés en Pologne sans qu'il me soit possible d'en savoir davantage.
Voilà deux jours que je polis sans vraiment y mettre du cœur, ma lame mollement serrée dans la main droite et ma lime de fortune (bricolée avec un support d'affûtage, du papier abrasif et des pinces clip) dans l'autre, tandis que j'écoute d'une oreille distraite le contenu des réunions animées par mes collègues.
C'est décidé: ce soir, je me sors les doigts du séant! Il est temps de passer la seconde parce que sinon cette histoire ne finira jamais.
Le jour tombe, j'installe une lampe halogène dans l'atelier pour profiter d'une luminosité maximale et détecter les reflets de la moindre rayure, je prépare les grains d'abrasif consécutifs: 80, 120, 180, 240, 340, 500, 600, 800, 1000, 2000 et 5000 sur la table, je fixe ma lame sur le rebord du plan de travail avec un serre joint et j'attaque le gros œuvre.
Les minutes défilent en même temps que les grains et je constate avec plaisir à quel point le soin que j'ai apporté lors de mon travail à la lime a été payant: je n'ai aucun défaut de planéité majeur à rattraper et une fois les rayures de la lime estompées, je n'ai qu'à croiser les passes pour polir chaque fois un peu plus ma surface et corriger les menus défauts laissés par le grain supérieur.
Une fois fini avec le grain 5000, je passe un rapide coup à la frotte (un disque de feutre recouvert de pâte abrasive et fixé dans ma perceuse à colonne... on a vu plus pratique!) pour me rendre compte que l'aspect en sortie de grain 5000 était finalement plus propre et remettre un coup de papier à main levée. Jugeant le résultat satisfaisant, je m'offre enfin la petite photo souvenir pour laquelle j'ai tant transpiré.
Prochaine étape: sortir un petit satiné des familles sur les flancs pour bien marquer le contraste avec l'émouture, et je pense que ça devrait sérieusement commencer à avoir une tronche sympa cette histoire! Et puis, au pire, si je galère trop, je pourrai toujours faire les flancs au backstand quand il arrivera, après tout ce sera "plat contre plat".
En comparaison de ma première émouture, je réalise le fossé qualitatif qui sépare mes deux premières réalisations. C'est le métier qui rentre, comme on dit! Bien entendu cette fois j'ai travaillé l'acier recuit, ce qui équivaut à la jouer en mode "facile", mais j'ose espérer que cette préparation plus soigneuse m'épargnera le plus gros des efforts une fois l'acier trempé, même si j'ignore encore exactement comment ce dernier se comportera.
La suite quand mes nouveaux jouets seront arrivés!