Voyage autour du monde à la découverte de couteaux d'ici et d'ailleurs
20 Février 2022
C'est dimanche, les gosses sont collés devant la télé, j'ai quartier libre pour aller m'enfermer dans le garage et avancer sur mon projet perso. Il est temps de faire un état des lieux:
Bon ben, j'ai encore pas mal de boulot devant moi!
Pour la lame, je décide de la laisser en l'état. Ne sachant pas comment rectifier les flancs et l'émouture, je décide de me contenter de ce que j'ai. Ma première tâche sera donc de sortir de nouvelles plaquettes.
Mon olivier est certes tombé à l'automne dernier, mais l'hiver précédent, il avait déjà perdu une belle branche au cours d'une tempête, que j'avais mise elle aussi à sécher. Or, il y a deux semaines, en anticipation du partage en couille de mes premières plaquettes, j'avais découpé deux carrelets dans mon "vieux" bois et détouré grossièrement deux plaquettes de rechange.
Il ne me restait plus qu'à les percer en utilisant ma lame comme patron, et à les monter pour le travail de finition à même la semelle.
Une fois opéré le trou de 5mm pour le passage du tube fileté, je monte une mèche de 8 à métaux pour réaliser, grâce à sa pointe conique, un entonnoir à la sortie du trou. En effet, pour mon nouveau montage, j'ai choisi des boulons à tête fraisée qui viendront affleurer à la surface du manche.
Enfin, pour préparer la réalisation de la visserie, je rectifie mes plaquettes à leur épaisseur finale grâce à une feuille d'abrasif 40 et un plan de travail presque plat.
Une fois mes plaquettes rectifiées, je mesure la largeur totale du futur manche, soie comprise: 20mm de bout en bout, il me faut donc deux ensembles de vis de serrage de cette longueur. Je reste sur le principe du tube fileté et de la paire de boulons, sauf que cette fois les boulons sont à tête fraisée comme je l'ai déjà dit.
La tête fraisée dépassant de 2.5mm de la fin du filetage, je mise sur un tube de 14mm de long (pour une longueur totale minimale de 14.5+2*2.5=19mm) que je découpe, faute d'avoir trouvé autre chose chez bricomachin, dans l'extrémité d'une vis de serrage femelle.
Pour les boulons, je décide de prendre un peu de marge pour éviter que ceux-ci ne se touchent l'un, l'autre, une fois insérés de chaque côté du tube et coupe donc ces derniers à 8mm.
Et comme ma dremel me fait le coup de la panne (de batterie) avant même d'avoir terminé mon premier tube, je cale mes pièces les unes après les autres dans un montage maison destiné à me permettre de bosser à l'ancienne: scie et lime à métaux pour la découpe et la reprise de filetage.
Après quelques minutes de patience et une poignées d'allers-retours à l'étau pour raccourcir mes boulons encore un peu trop long, me voilà avec ma belle visserie toute neuve...
...Et de surcroit réalisée dans un inox marin ce qui, associé aux propriétés du MagnaCut dont est fait la lame, devrait rendre l'ensemble à peu près résistant à la corrosion.
Je peux maintenant assembler et sculpter le manche. Dans la précipitation et la hâte de voir le résultat, j'ai tout simplement oublié de prendre régulièrement des photos à mesure que mon "oueurk inne progrèsse" prenait forme. Tu devras donc te contenter d'un unique point de vue, qui a toutefois le mérite de montrer à quel point mon ébauche était imparfaitement symétrique.
Reprise des grosses différences à la râpe ou à la lime selon la gravité de l'asymétrie, puis ponçage au grain 40>80>120>240 pour finir avec du 360. Le bois commence déjà à prendre une belle apparence et ses motifs se révèlent. Un premier passage à l'huile de lin pour commencer à le protéger, et sa teinte devient subitement beaucoup plus intéressante.
Sans aller jusqu'à trouver ça exceptionnel, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver une certaine fierté.
On passe aux choses sérieuses: il va falloir créer un tranchant à cette lame. Pour le coup, j'y vais sans la moindre appréhension car s'il y a bien un domaine dans lequel je me sens à l'aise, c'est celui-là.
Au cours du déjeuner, l'huile de lin a eu le temps de bien pénétrer et le bois est déjà sec au toucher comme à l'œil. La raison voudrait que je multiplie les couches et fasse preuve de patience, mais c'est trop pour moi.
Par contre, comme je le disais, la lame est encore crade. Je me renseignerai plus tard pour voir ce que je peux faire de cette émouture.
Pour ce qui est de l'outillage, pas de secret: je sors mon fidèle Edge Pro Apex, réglé pour l'occasion sur 20°. Un bac à eau avec une goutte de liquide vaisselle, ma collection complète de pierres en commençant pas la 120 (ce qui correspond grosso modo à de la pierre à faux, bien que les échelles de grit chez Edge Pro ne soient pas standard).
Après quelques changement de face, je réalise que je suis en train de dégueulasser encore plus l'aspect de mes flancs, à cause du frottement sur le plastique du support. En plus, mes mains rendues humides par l'eau chargée de résidus métalliques ont tendance à saloper mon manche tout beau tout propre.
Je décide donc de commencer à travailler avec quelques protections complémentaires.
Ça n'empêchera pas quelques tâches qui ne partiront qu'au papier de verre, mais déjà c'est mieux que rien.
La séance d'affûtage dure quelques dizaines de minutes, il y a pas mal de matière à retirer avant de former un apex. En plus, j'ai quelques difficultés à atteindre la base du fil. Mon manche a certes une forme super classe, mais il ne facilite pas le passage de la pierre.
Quoi qu'il en soit, les pierres s'enchaînent et le travail s'accélère à mesure que le grain augmente: avec l'émouture secondaire bien préparée et homogène que j'ai obtenu sur la 120, les suivantes ne servent au final qu'à polir davantage le résultat précédent.
Le travail s'achève sur les bandes de polissage à 2000 et 3000. A ce stade, l'émouture secondaire est véritablement miroir (un résultat que j'aurais aimé atteindre sur l'émouture primaire) et le tranchant d'un mordant redoutable.
Il est temps de vérifier si mon travail d'affûtage a produit le résultat escompté. D'une légère caresse, je passe le fil nouvellement créé sur mon avant bras. Le résultat est sans appel:
Ça, c'est fait.
A présent, c'est le moment de la séance photo sous toutes les coutures. Encore une fois, j'implore ton indulgence vis à vis de la finition de l'émouture: c'est promis, la prochaine fois j'essayerai de faire mieux.
Oh que non! Parce que, comme tu l'auras sans doute deviné, je suis comme un con avec mon bôcouto que je n'ai nulle par où le ranger. Pour le quart d'heure, j'ai emprunté à mon Böker Join The Navy son étui assez générique et capable d'héberger à peu près n'importe quoi, mais fabriquer un étui sur-mesure au KN1 fait partie du projet. Et j'ai déjà quelques idées en tête.
Affaire à suivre donc...